lundi 29 avril 2024.

Ceux qui ont espéré contre toute espérance.

« Tu Domine, singulariter in spe constituisti me.
Vous seul, Seigneur, m’avez affermi dans l’espérance1. »

Nos modèles

Le message du Christ ne fait pas simplement désirer le Royaume comme le plus grand des biens, il nous met au cœur, en dépit de nos misères, le ferme espoir d’y arriver par les mérites de notre divin Rédempteur.

Appuyons-nous donc sur la toute-puissance, la bonté et la fidélité divines, et attendons avec confiance le paradis et les grâces nécessaires pour y parvenir : Dieu s’est engagé à les accorder à quiconque les demande comme il faut ; il aide ceux qui s’efforcent de bien faire, et cela, d’autant plus qu’on espère en lui davantage.

Abraham :

Héroïque fut son espérance, au dire de S. Paul : Espérant contre l’espérance, il crut qu’il deviendrait père de nations nombreuses, selon la parole qui avait été dite : « Telle sera ta postérité » ; et c’est sans être ébranlé dans la foi qu’il considéra son propre corps devenu sans vigueur — il était presque centenaire — et le sein de Sara qui avait perdu toute force vitale. Et, devant la promesse de Dieu, il n’eut ni hésitation ni défiance, mais puisant sa force dans la foi, il rendit gloire à Dieu, pleinement convaincu que, ce qu’il avait promis, il aurait la puissance de l’accomplir2.

Demandons à Abraham sa foi admirable aux paroles divines.

Marie, mère de Jésus, à Cana :

« Ils n’ont plus de vin.
— Femme, que me voulez-vous ? Mon heure n’est pas encore venue…
— Faites tout ce qu’il vous dira3. »

La réponse de Jésus semble exprimer un refus catégorique. Mais, Marie connaît le Cœur de son Fils et garde une absolue confiance, comme le prouve la recommandation qu’elle adresse aux servants.

Saint Pierre

« Seigneur, si c’est vous, ordonnez que j’aille à vous sur les eaux. — Viens ! »
Et, Pierre, sorti de la barque, marchait sur les eaux4

« Je pensais souvent, écrit Sainte-Thérèse au chapitre XIII de sa vie, à ce que dit S. Paul : On peut tout en Dieu5, car par moi-même, je le sentais, je ne pouvais rien. Cette pensée me servit beaucoup… J’aimais aussi à considérer fréquemment que S. Pierre n’avait rien perdu pour s’être jeté à la mer, malgré la peur dont il fut ensuite saisi. »

On perd toujours à trop se fier en soi. On ne perd jamais à attendre beaucoup de Notre-Seigneur.

Marthe et Marie

— avertissent Jésus de la maladie de Lazare :
« Celui que vous aimez est malade.
— …Cette maladie, répond le Christ, ne va pas à la mort… »

Et, pourtant, Lazare meurt… Terrible épreuve pour la foi des sœurs. Conduite déconcertante de la part de Jésus.

« Seigneur, dit Marthe, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort ».

Femme lente à deviner !

C’est pour cela même que le Christ n’a pas voulu se trouver là, afin d’affermir la foi et l’espérance de ses disciples par un miracle autrement éclatant qu’une guérison6. Avec Jésus, le parti le plus sage, c’est de le laisser faire et de tout lui abandonner.

Femme pleine d’espérance malgré tout :

« Mais maintenant encore, je sais que tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous l’accordera. »
« Lazare, sors » ! et le mort sortit (du sépulcre)7.

Jésus me met à l’épreuve de la même manière lorsqu’il m’accorde le contraire de ce que je désire.

Je lui demande la santé, et il m’envoie la maladie ; la paix, et il permet que je sois troublé ; la pureté, et il ne fait rien, tant s’en faut, pour amortir la violence des tentations. C’est le cas d’espérer contre l’espérance et de redire les paroles de Job :

Quand il me tuerait, j’espérerais en lui… Il sera mon salut8.

Le bon Larron

Tout espoir lui est enlevé du côté de la terre : il va expirer sur un gibet, dans des tortures affreuses. Mais, Dieu lui fait la grâce des grâces, celle de mourir en regardant le Crucifix, le premier, celui dont tous les autres ne seront que les copies.

« Seigneur, souvenez-vous de moi quand vous serez dans votre royaume ! – Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le Paradis9. »

Ce grand pécheur a trouvé tout simple que Dieu lui pardonnât tout, et en un instant. Il a cru à la Rédemption. Il a traité Dieu en Dieu. Il a espéré, et obtenu comme de juste ce qu’il espérait. Mieux encore : il a obtenu ce qu’il n’espérait pas : il a reçu l’assurance que « le jour même » il serait avec Jésus dans son Paradis.

Sainte Marguerite-Marie

Notre-Seigneur apparaît à cette humble moniale et lui demande — chose énorme, surtout quand on songe à la juste défiance de Rome à l’égard des dévotions nouvelles — de promouvoir le culte de son Cœur Sacré.

Comme elle s’enquiert, un jour, de la manière dont elle pourrait arriver à réaliser ce que Jésus lui commandait touchant la dévotion à son Cœur, elle entendit cette réponse que nous méditerons avec fruit :

« Adresse-toi à mon serviteur, le P. de La Colombière, jésuite, et dis-lui de ma part de faire son possible pour établir cette dévotion et donner ce plaisir à mon divin Cœur. Qu’il ne se décourage pas pour toutes les difficultés qu’il rencontrera, car il n’en manquera pas ; mais il doit savoir que celui-là est tout-puissant qui se défie de lui-même pour se confier entièrement en moi10. »

Acte de Confiance du Bienheureux de la Colombière

« Pour moi, mon Dieu, je suis si persuadé que vous veillez sur ceux qui espèrent en vous et qu’on ne peut manquer de rien quand on attend de vous toutes choses, que j’ai résolu de vivre à l’avenir sans aucun souci et de me décharger sur vous de toutes mes inquiétudes.
In pace in idipsum dormiam, et requiescam, quoniam tu, Domine, singulariter in spe constituisti me11.

Les hommes peuvent me dépouiller et des biens et de l’honneur, les maladies peuvent m’ôter les forces et les moyens de vous servir ; je puis même perdre votre grâce par le péché, mais jamais, je ne perdrai mon espérance, je la conserverai jusqu’au dernier moment de ma vie et les démons de l’enfer feront à ce moment de vains efforts pour me l’arracher :
In pace in idipsum dormiam et requiescam12.

Les autres peuvent attendre leur bonheur ou de leurs richesses ou de leurs talents ; les autres s’appuient ou sur l’innocence de leur vie, ou sur la rigueur de leurs pénitences, ou sur le nombre de leurs aumônes, ou sur la ferveur de leurs prières : Moi, Seigneur, c’est dans l’espérance que vous m’avez établi de façon singulière :
Tu, Domine, singulariter in spe constituisti me13.

Pour moi, Seigneur, toute ma confiance c’est ma confiance même. Cette confiance ne trompa jamais personne… Je suis donc assuré que je serai éternellement heureux, parce que l’espère fermement de l’être, et que c’est de vous, ô mon Dieu, que je l’espère :
In te, Domine, speravi, non confundar in æternum14.

Je connais, hélas ! je ne le connais que trop, combien je suis fragile et changeant, je sais ce (que) peuvent les tentations contre les vertus les mieux affermies ; j’ai vu tomber les astres du ciel et les colonnes du firmament…

Mais tout cela ne peut m’effrayer tandis que j’espérerai ; je me tiens à couvert de tous les malheurs, et je suis assuré d’espérer toujours, parce que j’espère encore cette invariable espérance. Enfin, je suis sûr que je ne puis avoir moins que ce que j’aurai espéré de vous.

Ainsi, j’espère que vous me tiendrez dans les penchants les plus rapides, que vous me soutiendrez contre les plus furieux assauts et que vous ferez triompher ma faiblesse de mes plus redoutables ennemis.

J’espère que vous m’aimerez toujours et que moi aussi je vous aimerai toujours sans relâche et, pour porter d’un coup mon espérance aussi loin qu’elle peut aller, je vous espère vous-même de vous-même, ô mon Créateur, pour le temps et pour l’éternité !

Amen 15! »


Lectures pour nourrir vos méditations


Notes & Références

Sujet d’Oraison pour tous les jours de l’année, Tome III, « Temps après la Pentecôte » — Vie Publique de Jésus — Enseignements et Miracles, P. J.-B. Gossellin, S.J., 2ᵉ édition revue et augmentée, Apostolat de a prière, Toulouse, 1940, p.59-63.

  1. « Et moi je dormirai et me reposerai en paix ; parce que Vous, Seigneur, m’avez affermi dans une espérance singulière. » Ps IV, 9-10.
  2. Rom. IV, 18-21.
  3. Jean II, 4-5.
  4. Matt. XIV, 28-32.
  5. Cf. Phil. IV, 13.
  6. v. 15
  7. Jean XI, 44.
  8. XIII, 15-16, traduction de la Vulgate.
  9. Luc XXIII, 43.
  10. St MARGUERITE MARIE, Vie et œuvres, 1, p. 124.
  11. « Je dormirai en paix dans le même endroit et je me reposerai, car Toi, Seigneur, tu m’as placé dans une singulière espérance. »
  12. « Je dormirai et reposerai en paix de la même manière. »
  13. « Toi, Seigneur, tu m’as placé dans une espérance singulière. »
  14. « En Toi, Seigneur, j’ai espéré que je ne serai pas honteux pour toujours. »
  15. Sermon sur la confiance en Dieu, péroraison.

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