dimanche 28 avril 2024.

La Présentation de Marie au Temple

Dans la simplicité de mon cœur, je vous ai tout donné… gardez-(moi) à jamais cette disposition, ô Dieu d’Israël1.

La Présentation de Marie et la tradition chrétienne.

La Présentation de Marie au Temple, affirmée par les évangiles apocryphes, est fêtée depuis fort longtemps par les églises d’Orient ; l’Église romaine, sans engager pour cela son autorité, la célèbre depuis plusieurs siècles. Laissons de côté certains détails légendaires provenant des apocryphes,

et écoutons saint Jean Damascène, dont la Liturgie romaine a fait siennes les paroles, nous dire que Marie enfant « fut amenée au Temple par ses parents ; transplantée dans la maison de Dieu, tel un olivier fertile, elle fut nourrie par l’Esprit-Saint et devint (ainsi) ornée de toutes les vertus ; cela ne convenait-il pas (souverainement) à celle qui avait renoncé à toute séduction du monde et de la chair, dont l’âme était aussi chaste que le corps, et qui devait recevoir Dieu dans son sein2 ? »

Rien n’empêche donc de se ranger à la tradition ancienne sur laquelle ont brodé les apocryphes et de croire que Joachim et Anne, poussés par une inspiration de l’Esprit-Saint ou désireux d’accomplir un vœu, vinrent présenter au Seigneur celle en qui il avait mis ses complaisances. Marie avait-elle alors trois ans, c’est possible ; en tout cas, il est permis de croire, avec Suarez3 et de pieux écrivains, que la Vierge avait reçu l’usage anticipé de la raison (un tel privilège n’était-il pas appelé par celui de la Conception immaculée et par la plénitude de grâce à laquelle Marie était prédestinée ?) et qu’elle s’offrit elle-même à Dieu dans la simplicité de son cœur.

Personnages du mystère : — Dieu — Anne et Joachim.

J’arrêterai les yeux successivement sur les diverses personnes qui interviennent dans ce mystère.

Sur Dieu d’abord.

C’est lui qui prédestine et appelle : la Vierge, pas plus que les Apôtres, ne l’a choisi, mais c’est lui qui les a choisis, et qui, entre toutes les créatures, a élu Marie pour devenir son palais de prédilection et le tabernacle de son Esprit.

Avec quelle suavité il lui avait fait comprendre et goûter le verset du psaume, discret appel à l’intimité avec son Dieu, invitation à un sacrifice total, mais qui sera payé au centuple :

« Ecoute, ma fille, regarde et prête l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père, et le roi sera épris de ta beauté. »

Que d’âmes entendront le même appel, et, mettant dans leur réponse quelque chose de la générosité de Marie, présenteront leur offrande en union avec la sienne ! Ces âmes s’imaginent donner beaucoup à Dieu ; en réalité, elles reçoivent beaucoup.

Sur les parents de Marie.

S’il faut en croire saint Jean Damascène, Joachim et Anne, comme la mère de Samuel, avaient obtenu de Dieu leur enfant par d’instantes prières et la lui avaient consacrée. Loin de revenir sur leur promesse, ils la réalisent avec empressement et piété, devenant ainsi les heureux modèles de tant de parents qui, se séparant de ce qu’ils ont de plus cher, donnent à Dieu l’une des plus sérieuses marques d’amour qu’on puisse témoigner4.

Pour, eux aussi, le sacrifice fut héroïque, mais scella leur sainteté :

« Ô couple bienheureux, Joachim et Anne… Toute créature a une dette envers vous ! C’est par vous que le monde a pu rendre à son Créateur le plus beau de tous les dons, la mère chaste qui seule était digne de Dieu. »

Apprenez-nous à donner au Seigneur ce que nous possédons de plus cher au monde, notre liberté !

Marie — Offrande joyeuse, totale, irrévocable.

Imaginons l’Immaculée, marchant allègre vers le sanctuaire, sans un regard en arrière5. Et, pourtant, elle sait ce qu’elle quitte, elle a goûté le charme exquis de la maison paternelle et des objets familiers, la tendresse enveloppante de ceux dont le sourire se penchait sur son berceau ; mais celle qu’on appellera un jour Mère des Douleurs doit déjà faire l’apprentissage de la souffrance et préluder par le sacrifice à la rédemption.

La peine n’enlève rien d’ailleurs à l’empressement joyeux de son offrande, vivement agréée du ciel, car « Dieu aime qui donne de bon cœur ». Marie n’est pas de ces personnes qui s’attardent à considérer leurs propres souffrances ; parfaitement simple, son âme, en toutes choses, ne regarde que Dieu.

Remarquons encore comment l’offrande de Marie est non seulement joyeuse, mais totale et irrévocable : « Vase insigne de dévotion », la jeune Vierge se donne sans réserve, sans la moindre attache terrestre, et pour toujours :
« Seigneur, dit-elle sans doute alors avec David, dans la simplicité de mon cœur, je vous ai tout donné… ô Dieu d’Israël, gardez-(moi) à jamais cette disposition ! ».

C’est probablement en ce jour, si la chose n’était déjà faite, que Marie fit au Seigneur une offrande aussi nouvelle6 qu’agréable. Désireuse de se donner à Dieu sans partage, de lui consacrer toutes ses pensées et toutes ses affections, elle comprit, éclairée par l’Esprit-Saint, qu’il fallait pour cela prendre à jamais le Seigneur pour son unique part d’héritage et se consacra au service de Dieu avec une ferveur extraordinaire. De pieux auteurs pensent même qu’elle fit alors le vœu de virginité, rendant ainsi sa résolution plus stable, plus parfaite, plus glorieuse à Dieu.

Ainsi se réalisa la vérité de la parole adressée dans le Cantique à l’épouse par l’Epoux divin :
« Vous êtes un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée ; vous êtes un jardin fermé, une source scellée7 ».

Vous méritez deux fois ce titre, ô Marie, car parfaite est la chasteté de votre corps, mais parfaite aussi celle de votre âme, qui ne connut jamais la moindre complaisance pour le mal. Et, c’est avec raison encore que le Seigneur vous appelle un Jardin, car votre virginité, merveilleusement féconde, produira un fruit de vie béni entre tous, autrement salutaire que celui du Paradis terrestre.

Donnez-nous, Vierge très chaste, à nous qui célébrons avec toute la dévotion de nos cœurs votre admirable Présentation, le goût de la pureté ! Virgo singularis, Inter omnes mitis, Nos culpis solutos, Mites fac et castos. Vierge sans égale, douce plus qu’aucune créature, délivrez nos cœurs du péché en les rendant doux et chastes !

Si le Saint-Esprit m’y invite, et si mon directeur m’y autorise, je consacrerai à Dieu mon corps et mon âme par le vœu de chasteté, à l’imitation de Marie ; si je ne le puis, je donnerai du moins tous mes soins à la pratique des vertus qui sont les gardiennes de la chasteté.

Par sa générosité, Marie conquiert le cœur de Dieu.

Si le regard de Marie avait pu alors percer les cieux, elle aurait vu la Très Sainte Trinité contempler son geste avec une complaisance indicible et aurait entendu le Grand Roi murmurer à son oreille la parole du Cantique, mille fois plus vraie de Marie que de l’épouse de Salomon :

« Tu m’as blessé le cœur, ma sœur, ma fiancée, tu m’as blessé le cœur par un seul de tes regards, par une seule des perles de ton collier. Que ton amour a de charmes, ma sœur, ma fiancée8 ! »

Le don total de soi est comme une flèche d’amour qui blesse le cœur de Dieu9. Mais, lorsqu’un chasseur a réussi à blesser une proie, il ne tarde pas à en devenir le maître, et cela se réalise pour Marie comme aussi pour toute âme qui se donne vraiment, par exemple, en prononçant et en pratiquant les trois vœux de religion. Désormais, ô merveille, cette âme peut dire en toute vérité : Dilectus meus mihi. Mon bien-aimé est à moi. Jésus est à elle pour veiller sur elle ; Jésus est à elle pour exaucer ses prières ; Jésus est à elle pour la faire vivre d’une vie nouvelle.

Ô Marie, ô ma Mère, puisque votre absolue générosité vous a rendue maîtresse du Tout-Puissant, profitez en ma faveur de votre domaine ; aidez-moi à ne pas refuser à Dieu ce qu’il me demande, à lui offrir sacrifice sur sacrifice jusqu’au don foncier de moi-même, à livrer tout pour acquérir celui qui est Tout10 !


Lecture pour nourrir vos méditations


Notes & Références

Sujet d’Oraison pour tous les jours de l’année, Tome II, “De l’Avent au Carême” Notre-Dame — L’Incarnation — L’Enfance de Jésus, P. J.-B. Gossellin, S.J., 2ᵉ édition revue et augmentée, Apostolat de a prière, Toulouse, 1937, p. 51-57.

  1. Messe de la Dédicace, Offertoire.
  2. Office du 21 novembre, 4è leçon.
  3. In III, t. 2, d. 4, s. 7.
  4. Il faut relire à ce sujet l’admirable chapitre où sainte Thérèse de Lisieux raconte comment elle s’ouvrit à son père de sa vocation : « A travers mes larmes je parlai du Carmel, de mes désirs d’entrer bientôt ; alors il pleura lui-même. Toutefois, il ne me dit rien qui pût me détourner de ma vocation… il me parla comme un saint. (Histoire d’une âme, ch. 5°).
  5. « Quiconque (répondit Jésus) met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu. » (Luc IX, 62)
  6. S. Thomas III, q. 28, a. 4.
  7. Cantique IV, 12.
  8. Cantique IV, 9-10.
  9. « Je me pose une question : N’y a-t-il pas quelque différence entre la volonté et l’amour ? Et il me semble qu’il y en a une : je ne sais cependant si je ne dis pas une folie. L’amour, à mon avis, est comme une flèche que lance la volonté. Si cette flèche part avec toute la force que possède la volonté délivrée déjà de toutes les choses de la terre et occupée de Dieu seul, elle doit très certainement faire une blessure à sa Majesté. Aussi, enfoncée en Dieu lui-même qui est amour, elle en revient avec les plus grands profits… » (Ste Thérèse, Pensées sur l’amour divin, ch. VI, éd. Vie spirituelle, p. 91).
  10. Da totum pro toto. (Imitation de Jésus-Christ, L. III, c. 27, § 1).

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