Beati mundo corde.

Cor mundum crea in me, Deus. Ô mon Dieu, créez en moi un cœur pur !¹

Mundo corde.

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

La vertu que Jésus canonise est celle qui dépend de nous, celle du cœur, siège véritable de la pureté². Quoique la sixième béatitude vise toute espèce de pureté et récompense le soin de l’âme à éviter toute offense de Dieu, le peuple fidèle a toujours compris qu’elle s’appliquait spécialement à la chasteté.

Cette vertu est parfois le résultat d’un attrait spécial, comme ce fut le cas pour le bienheureux Pierre Favre, premier prêtre de la Compagnie de Jésus :

Un jour de ma douzième année, écrit-il dans son Mémorial, le cœur surabondant de joie, dans un champ, — c’était le temps des vacances où je remplissais parfois l’office de berger — sous la pression d’un désir intense de pureté, je promis au Seigneur la chasteté pour toujours. »

D’ordinaire, la pureté de l’âme est tout simplement la conséquence d’un véritable amour de Dieu et d’un vif désir de ne pas déplaire au Père céleste, amour et désir qui sont eux-mêmes le fruit de communions fréquentes et ferventes.

Le don de chasteté est souvent aussi la récompense d’un amour filial pour Marie Immaculée.

Beati… Quoniam ipsi Deum videbunt.

Cette pureté assure la contemplation de Dieu dans le ciel. Ici-bas, elle est peut-être la vertu la mieux récompensée :

Elle donne au visage une modestie angélique et au regard sa limpidité.

Elle donne au cœur sa délicatesse, à la volonté sa force, à l’intelligence sa sérénité et sa puissance, à l’âme son égalité et sa constance.

Elle assure la liberté, car elle écarte une honteuse servitude et brise les chaînes dont l’ennemi de la nature humaine tente de nous charger.

Elle est source de joie, car elle suppose une série de succès qui maintiennent l’entrain et l’élan vers Dieu. La plus violente tendance de l’homme étant de chercher le bonheur dans les jouissances de la chair, c’est une victoire glorieuse entre toutes que d’en triompher.

La pureté, enfin, augmente la ressemblance avec Dieu, l’infinie pureté, en sorte qu’il s’établît entre lui et nous comme une affinité nouvelle, qui fait qu’on se reconnaît au moindre signe, qu’on aime à se trouver ensemble et qu’on se comprend tout naturellement.

Les âmes chastes sont douées d’une aptitude particulière à saisir et à goûter les choses spirituelles.

Le cœur pur va droit à Dieu ; il le voit partout, en tout, du premier coup. Or, Dieu est joie et source de joie. Heureux donc, deux fois heureux ceux dont le cœur est pur !

Ô Jésus, vivant en Marie, la Vierge des vierges, Venez et vivez en votre petit serviteur, Dans la plénitude de votre puissance, Dans la vérité de vos vertus d’amour et de pureté ; Triomphez de toute tendance contraire Dans votre Esprit, Pour la gloire du Père  ! Ainsi soit-il !³

Lectures pour nourrir vos méditations

• L’Evangile, message d’espérance
• Ceux qui ont espéré contre toute espérance
• L’Evangile de l’espérance : les Béatitudes
• Beati pauperes
• Beati mites
• Beati qui lugent
• Beati qui esuriunt et sitiunt justitiam.
• Prière de l’âme qui a soif de Justice
• Beati misericordes
• Beati pacifici
• Beati qui persecutionem patiuntur
• Ignace, témoin du Christ, à ses frères, les chrétiens de Rome
• oraison du 8 décembre,
• oraison du 10 février (sainte Scolastique)
• oraison pour repousser les mauvaises pensées (oraisons diverses, n°25)
• Foucault, 101-104
  

Notes & Références

Sujet d’Oraison pour tous les jours de l’année, Tome III,  « Temps après la Pentecôte » — Vie Publique de Jésus — Enseignements et Miracles, P. J.-B. Gossellin, S.J., 2ᵉ édition revue et augmentée, Apostolat de a prière, Toulouse, 1940, p.120-122.

1. Miserere ↩
2. On connaît la belle réponse de sainte Lucie. Comme elle disait au préfet de Syracuse que les âmes chastes et pieuses sont les temples de l’Esprit-Saint :
   « Eh bien ! répondit Paschase, je vais te faire conduire dans un lieu de débauche, et ainsi le Saint-Esprit t’abandonnera.
   Nullement, répliqua la vierge, mais si tu donnes l’ordre qu’on me fasse violence, ma chasteté méritera une couronne double. » (Bréviaire du 13 déc.).
   Appliquons-nous cela lorsque nous souffrons violence, en quelque manière, du fait de la tentation. Ce qui « est en nous sans nous » augmente notre vertu, au lieu de la diminuer, et embellit notre couronne. ↩
3. M. OLIER ↩