vendredi 29 mars 2024.
 

Fleur à Marie 21/31 : Sur l’apparition du Sauveur ressuscité à sa Très Sainte Mère.

Joie de Marie en voyant son fils ressuscité ;

Considérons le Sauveur de nos âmes, sortant du tombeau, vainqueur de la mort et de l’enfer. Quoique l’Évangile ne dise pas quelle fut la première personne à qui il se fit voir dans cet état glorieux, on peut croire pieusement que ce fut sa Très Sainte Mère qui fut honorée de cette insigne faveur. Le respect qu’il avait pour cette auguste mère, l’amour qu’il lui portait, la tendresse de Marie pour son divin fils, semblaient demander cette honorable distinction. Elle avait eu plus de parts que personne aux douleurs de sa passion ; il était juste qu’elle participât la première à la joie de son triomphe. C’est ainsi que Dieu proportionne toujours ses faveurs et ses consolations à ce que nous souffrons pour lui :

Aimons le Sauveur, compatissons à ses peines, portons sa croix, suivons-le sur le Calvaire, et nous aurons part avec la Sainte Vierge à sa joie et à son triomphe.

En le voyant revêtu de gloire et d’immortalité ;

Considérons la joie et les délices ineffables dont l’âme de la Bienheureuse Marie fut inondée à la résurrection de son fils. Elle fut abondamment dédommagée des cruelles angoisses qu’elle avait éprouvées ; elle vit avec un plaisir inexprimable son cher fils revêtu de gloire, d’immortalité et de toutes les qualités des corps glorieux ; elle l’adora avec respect, elle baisa amoureusement ses plaies sacrées, qu’il a voulu conserver comme autant de trophées de sa victoire. On peut dire qu’elle commença dès lors à jouir de ce torrent de délices dont les bienheureux sont enivrés dans le ciel ; et quoiqu’encore sur la terre et dans un lieu d’exil, elle goûtait à longs traits les douceurs de la céleste patrie.

Félicitons notre Sainte Mère de cette joie ineffable ; prions-la de nous faire part de son bonheur, et de détacher nos cœurs de toutes les affections terrestres.

En le voyant entouré de ses disciples qui l’avaient abandonné.

Quelle fut la joie de la Sainte Vierge quand elle revit les apôtres et les disciples après la résurrection de Jésus-Christ ! Pendant sa passion, ils l’avaient tous abandonné ; saint Jean eut seul le courage de l’accompagner sur le Calvaire ; tous les autres avaient été dispersés par la mort de leur maitre, comme de pauvres brebis dont le pasteur a été frappé. Jésus-Christ ressuscite et Marie, Tendre Mère du Sauveur et de ses disciples, a le doux plaisir de voir toutes ses brebis errantes ramenées au bercail.

Hélas ! j’ai si souvent affligé le cœur de ma divine mère, en abandonnant lâchement son adorable fils pour me livrer au péché et au démon !

Quand lui donnerai-je la consolation de me voir revenir et m’attacher à lui sans retour ?

Vierge Sainte, je ne puis rien par moi-même ; mais j’espère que vous me tendrez une main secourable, que vous me ramènerez de mes longs égarements, et que vous me réconcilierez enfin avec Jésus votre aimable fils.

Prière.

Ô Bienheureuse Mère de mon Dieu !
Lorsque votre fils ressuscité vous apparut au sortir du tombeau, quel cortège magnifique accompagnait ce Roi de gloire !

Toutes les âmes des justes qui s’étaient sanctifiées durant quatre mille ans, nos premiers parents, les saints patriarches, les saints prophètes, sont venus vous rendre hommage comme à leur Reine, vous remercier comme leur libératrice, vous témoigner le désir qu’ils avaient d’être un jour avec vous dans le ciel.

Quels furent alors les transports de leur amour et de leur reconnaissance envers vous !

Qui pourrait peindre surtout ce qui se passa dans le cœur du saint précurseur et de votre chaste époux saint Joseph !

Ô divine Marie ! je m’unis à tous les sentiments de ces saintes âmes ; je vous dois beaucoup, et l’espère vous devoir un jour mon bonheur éternel.

Exemple.

Le pauvre prêtre.

Au commencement du dix-septième siècle vivait à Paris un très saint prêtre, nommé le P. Bernard. Il était d’une famille distinguée selon le monde ; mais il méprisa toutes les espérances du siècle, pour embrasser la sainte pauvreté de Jésus-Christ, et ne prit même d’autre nom que celui du pauvre prêtre. On doit le mettre au nombre des plus dévots et des plus fidèles serviteurs de Marie. Il croyait lui devoir sa conversion et sa vocation à l’état ecclésiastique. Il le publiait partout, et n’omettait rien de tout ce qui pouvait inspirer aux autres les sentiments de respect et de confiance qu’il avait pour elle. Il l’appelait toujours sa bonne mère.

Il avait fait imprimer en toutes sortes de langues une prière tirée des sentiments de saint Bernard, qu’il avait apprise de son père, et qui commence par ces mots : Memorare, o prissima virgo Maria ; il en distribua pendant sa vie plus de deux cent mille exemplaires, et par le moyen de cette prière, il opéra une infinité de choses merveilleuses.

Comme il allait un jour au petit Châtelet pour exhorter les prisonniers, il rencontra deux religieux d’un ordre fort austère et courant à celui des deux qui était le plus jeune, il l’embrassa en disant :

Mon cher frère, réjouissez-vous, car vous devez votre salut à la Sainte-Vierge.

Le jeune religieux, qui ne le connaissait pas, le prit pour un fou ; mais le père qui l’accompagnait lui dit :

C’est un saint homme appelé le P. Bernard ; vous devez vous réjouir de ce qu’il a dit, car il ne l’a pas dit sans raison.

Ils continuèrent leur chemin, et le père Bernard entra au Châtelet.

Plusieurs années après, entrant à la même prison, on lui dit qu’il trouverait dans le cachot un homme qui venait d’être condamné à être roué tout vif, mais qui ne voulait point entendre parler de confession. Le P. Bernard, doublement affligé de cette nouvelle, se fait conduire au cachot : il salue le prisonnier et l’embrasse, il l’exhorte, il le menace de la colère de Dieu, mais fort inutilement ; le criminel ne daignait pas même lui répondre. Le père le prie de vouloir au moins dire avec lui une prière fort courte à la Sainte-Vierge ; le prisonnier le refuse : Bernard ne laisse pas de la réciter d’un bout à l’autre ; mais voyant que le pécheur n’avait pas voulu seulement desserrer les lèvres pour prier avec lui, sa charité l’emporte, son zèle l’inspire, et portant à la bouche de l’endurci la prière qu’il venait de dire, et dont il avait toujours plusieurs exemplaires sur lui, il s’efforce de l’y faire entrer en s’écriant :

Puisque tu n’as pas voulu la dire, tu la mangeras.

Le criminel, gêné par ses fers, et ne pouvant se défendre de l’importunité du saint homme, lui promit d’obéir. Alors le père Bernard se met à genoux avec lui, il commence l’oraison Memorare, et le prisonnier en eut à peine prononcé les premières paroles, qu’il se trouva tout changé : un torrent de larmes coule de ses yeux, et le regret de ses péchés lui fait jeter des cris qui fendent le cœur. Le père Bernard, pénétré de joie, s’écrie en l’embrassant :

C’est à l’intercession de la Sainte-Vierge, mon cher frère, que vous devez votre conversion.

Il est vrai, mon père, lui dit le prisonnier avec une voix entrecoupée de sanglots, il y a longtemps que vous me l’avez dit ; plût à Dieu que je ne l’eusse jamais oublié !

Vous ai-je donc jamais vus, mon enfant, reprit le père ?

Car non seulement il ne le connaissait pas, mais il ne se souvenait pas même d’avoir dit à personne les paroles qu’il venait de dire au prisonnier. Le criminel lui raconta comment, étant entré dans le cloître sans vocation, il avait apostasié, et s’était abandonné à toutes sortes de crimes qui l’avaient enfin conduit à l’échafaud. En cet endroit ses larmes et ses sanglots recommencèrent avec tant de violence, que le père Bernard en était pénétré.

Consolez-vous, mon enfant, lui dit-il ; puisque la Sainte-Vierge vous a obtenu de Dieu la grâce de la pénitence, ne doutez pas qu’elle ne vous obtienne la persévérance et le salut. Préparez-vous seulement à faire une bonne confession.

Hélas ! il n’en eut pas besoin ; car, pénétré de la vue de ses péchés et de la miséricorde de Dieu sur lui, le pauvre pénitent expira de douleur et de contrition1.

Pratique.

Jetez-vous aujourd’hui au pied d’une image de Marie, et recommandez-lui votre âme en récitant le Memorare ; dans tous les dangers, ayez recours à cette prière, qui a produit tant de merveilleux effets.

Oraison Jaculatoire.

Unica spes med Jesus, et post Jesum, virgo Maria.
Jésus est toute mon espérance, et après Jésus, c’est vous, ô divine Marie !


Articles connexes


Messe du Jour

Dimanche après l’Ascension.

Notre-Dame de Bonne-Nouvelle.


Notes & Références

Nouveau MOIS DE MARIE, ou Le mois de mai consacré à la gloire de la Mère de Dieu, par un prêtre du diocèse de BELLEY, Paris, 1845, G. Martin, Libraire-Editeur.

  1. Vie du père Bernard.

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