dimanche 28 avril 2024.

Mort et Assomption de la Très Sainte Vierge Marie

Vierge Sainte, au milieu de vos jours glorieux, n’oubliez pas les tristesses de la terre…

Marie et l’Église naissante.

Après l’ascension du Sauveur, la Providence divine, qui fait bien toutes choses, voulut laisser la Très Sainte Vierge sur la terre, afin de donner une mère à l’Église naissante. Marie encouragea et consola les premiers chrétiens, les instruisit des mystères qu’elle était seule à connaître1, les édifia par l’exemple de sa prière2 et de ses vertus. C’est avec raison que Mgr Gay compare l’influence de Marie dans l’Église naissante, influence cachée, mais profonde, à celle de la sainte Eucharistie. Pour remplir cette mission, la Très Sainte Vierge reçut l’Esprit-Saint, et l’Esprit, qui est amour, mit au cœur de Marie, envers l’Église, la tendresse d’une mère.

Ô Marie, montrez de plus en plus que vous êtes ma Mère : monstra te esse matrem. Je crois de toute mon âme à votre maternelle protection ; faites que j’en ressente3 aussi les effets. La Très Sainte Vierge, qui n’avait pas reçu mission de prêcher, laissa aux Douze le ministère de la parole.

Cependant, outre l’influence qu’elle exerça par son exemple et par le témoignage rendu sur les premières années de Jésus, elle fut en quelque sorte, grâce à son oraison continuelle et souverainement efficace, l’âme de tout l’apostolat. La Vierge priait sans cesse avec l’Église et pour l’Église et cette oraison, à cause de la sainteté de Marie, donnait une valeur merveilleuse à la prière du Corps mystique.

Combien Marie désirait être réunie à son divin Fils.

Si Marie-Madeleine, au matin de Pâques, montra un tel empressement à rechercher le corps du bon Maître, que dire des élans qui emportaient sans cesse l’âme de la Mère vers son Fils, durant les années infiniment longues qui séparèrent l’Ascension de l’Assomption ? Plus que la plus sainte des âmes, la Vierge bénie avait faim et soif de la Justice substantielle et incréée qui est le Christ, et cette faim, tout en développant chez Marie la capacité de Dieu, la préparait à l’union consommée du paradis.

Ô Vierge sainte, apprenez-moi à désirer Dieu, à ne voir que Dieu en toutes choses, à mettre dans la récitation du psaume XLI quelque chose de l’ardeur qui vous transportait :

Comme le cerf soupire après les sources d’eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô mon Dieu !

Si je m’examinais, pourrais-je me rendre témoignage que je désire le Christ par-dessus tout ?… que je suis suffisamment détaché des beautés terrestres, des jouissances terrestres, de tout ce qui fait obstacle à mon élan vers Dieu ? L’un des effets du Purgatoire, après cette vie, ne sera-t-il pas d’embraser d’une ardeur douloureuse et sanctifiante les âmes qui, en dépit de leur droiture et de leur pureté, n’ont pas aspiré comme elles devaient vers la Source de tout bien ?

Ô ma Mère du ciel, faites que le désir de Dieu devienne en moi plus ardent, plus entraînant, plus libérateur de tout ce qui attache à la terre…

La vertu d’abandon chez la Très Sainte Vierge

Le désir de Marie, cependant, resta toujours modéré par l’abandon le plus parfait. Tout en souhaitant sortir de ce monde afin d’être unie au Christ, la Vierge bénie acquiesçait de toute son âme à la volonté divine, qui la maintenait sur terre pour le bien de l’Église. Elle répétait sans doute ce que saint Martin devait dire plus tard dans une circonstance semblable :

Seigneur, si je suis encore nécessaire à votre peuple, je ne refuse point le travail ; que votre volonté soit faite !

Ô Mère admirable, qui n’avez ni appréhendé de mourir, ni refusé de vivre, parce que vous n’avez jamais eu d’autre volonté que celle de Dieu, obtenez-moi la double grâce de voir venir la mort avec paix, et de supporter la vie avec patience.

Mort et Assomption de la Très Sainte Vierge

Enfin, le jour arriva où Marie comprit que ses désirs allaient être exaucés.

Elle mourut, non pas de maladie, non pas de vieillesse, mais d’amour. Pour comprendre la part de l’amour dans cette mort toute sainte,

« il faudrait comprendre l’incompréhensible : l’amour de Dieu pour Marie, l’amour de Marie pour Dieu… Dieu voulant l’âme, l’âme ne soupirant qu’après Dieu, et Dieu se donnant à l’âme dans la proportion où elle le désire, où elle aspire à lui… Que devaient être l’attente, les désirs de la Sainte Vierge, depuis si longtemps séparée de ce qu’elle aimait ? Elle, fille, épouse et mère de Dieu, était séparée de Dieu… L’amour que Dieu lui avait voué dès sa naissance, qu’était-il au moment de sa mort ?… La force de ces deux amours tendant à s’unir brisa le dernier lien qui retenait Marie sur la terre »4.

Il ne pouvait être question de corruption pour l’Immaculée ; elle devait mourir comme son Fils était mort, mais, comme son Fils, elle devait ressusciter5.

Jésus présente sa Mère à la Sainte Trinité et la fait asseoir, à côté de lui, sur le trône où elle règne depuis dix-neuf siècles. Quel poids de bonheur et de gloire !…

Jadis, au jour béni de Noël, Marie avait employé toute son ingéniosité et toute sa tendresse à rendre un peu moins dure la pauvre couche où reposait son Fils premier-né. Ce Fils, lui, dispose de la sagesse et de la toute-puissance divines : que ne fait-il pas, en cet instant solennel, pour accueillir sa Mère bien-aimée, pour lui faire oublier les tristesses de la terre et exalter ses vertus héroïques ?…

Marie avait fait profession d’être la servante du Seigneur : voici qu’elle est proclamée Reine des anges et des saints.

Marie avait été la Mère des douleurs : voici qu’elle entre dans la joie de son Dieu, qu’elle en est environnée, pénétrée, comblée, au point de ne pouvoir rien désirer de plus pour elle-même. Si elle a encore des désirs dans le ciel, c’est qu’elle reste mère de nombreux enfants qui gémissent en cette vallée de larmes, et que la félicité du Paradis ne lui fait jamais perdre de vue nos misères et nos dangers6.

Marie a été sur la terre « Mère du bel amour », modèle incomparable de charité. Maintenant cette vertu procure à la Vierge une joie divine7. Marie sait qu’elle aime le plus parfait et le meilleur des êtres, et elle sent qu’elle en est aimée. Elle goûte ce bonheur sans jamais être rassasiée ; elle comprend qu’elle a contribué elle-même à le conquérir par son admirable coopération à la grâce, par sa pureté, sa docilité, son humilité prodigieuse.

« Fecit mihi magna qui potens est, et sanctum nomen ejus. Il a opéré en moi de grandes choses, Celui qui est puissant et dont le nom est saint… »

Au ciel comme sur terre, le Magnificat 8est de circonstance, et Marie, n’en doutons pas, le redit sans cesse avec de nouveaux transports.

« Vierge sainte, au milieu de vos jours glorieux, n’oubliez pas les tristesses de la terre. Jetez un regard de bonté sur ceux qui sont dans la souffrance, qui luttent contre les difficultés et qui ne cessent de tremper leurs lèvres aux amertumes de la vie.

« Ayez pitié de ceux qui s’aimaient et qui ont été séparés.

« Ayez pitié de l’isolement du cœur.

« Ayez pitié de la faiblesse de notre foi.

« Ayez pitié des objets de notre tendresse.

« Ayez pitié de ceux qui pleurent, de ceux qui prient, de ceux qui tremblent… Donnez à tous l’espérance et la paix »9.

Nous avons compati aux douleurs de Marie ; n’attendons pas l’éternité pour prendre part à sa joie. Cette joie, s’il faut en croire un grand poète, constituera là-haut une part de notre propre félicité. Voici comment Dante imagine la Reine du ciel au milieu des bienheureux :

Et, là enfin, je vis, à leurs jeux et à leurs chants, Sourire une Beauté qui était une joie au fond des yeux de tous les autres saints.

Fruits à retirer de cette méditation

Cette méditation doit augmenter notre confiance et notre désir du ciel.

Notre confiance d’abord.

Si la Mère de Jésus, nous dit la liturgie10, a été retirée de ce monde, c’est pour qu’elle soit auprès de Dieu notre avocate et nous obtienne le pardon de nos fautes.

Méditons cette vérité infiniment consolante. Dans nos difficultés, nos misères, nos peines, jamais, nous ne sommes seuls… Il y a Là-haut une Mère très bonne dont toute l’occupation est de veiller sur ses enfants et d’intercéder en leur faveur.

C’est sa fonction, c’est son devoir d’état…. C’est plus encore, s’il est permis de parler ainsi, l’inclination de son cœur.

Que le souvenir de l’Assomption de Notre-Dame mette également en nos âmes

« Une douce aspiration (vers le) ciel, notre belle patrie, d’où vient et où remonte tout ce qui est bon, tout ce qui est bien.

« Qu’il doit être beau, ce ciel où Dieu transporte toutes les beautés de la terre, où il a placé Marie, la Mère de Jésus, le chef-d’œuvre de la nature, de la grâce et de la gloire !… Concluons ces réflexions par le Salve Regina : il y a là, malgré les ombres, les dangers et les larmes de cette vallée d’exil, il y a là comme une vision de la patrie bienheureuse, où règne une souveraine d’une puissance et d’une bonté sans limites : elle est notre mère, elle nous attend avec impatience, elle veille sur nous avec sollicitude ; elle veut sécher nos larmes et nous faire oublier toutes nos douleurs dans son amour et dans sa béatitude. Le Salve Regina est le cantique du pèlerinage pour les enfants de Marie : l’Église nous l’a appris, avec elle, redisons-le en toute confiance ».11


Lectures pour nourrir vos méditations


Notes & Références

Sujet d’Oraison pour tous les jours de l’année, Tome IV, Passion et Résurrection. Ascension et Pentecôte, P. J.-B. Gossellin, S.J., 2ᵉ édition revue et augmentée, Apostolat de a prière, Toulouse, 1941, p.434-441.

  1. Qui donc transmit à saint Luc les détails concernant l’enfance du Christ, sinon celle qui les conservait dans son cœur ?
  2. Actes I, 14.
  3. Secrète de la Messe de l’Assomption.
  4. R.P. Boulanger, o.p., Les Cahiers de la Vierge, octobre 1935, p. 72.
  5. Ce prodige s’est accompli en silence, comme la résurrection de Jésus. Personne ne l’a vu, mais la foi de l’Eglise en ce mystère est suffisamment attestée par le Concile de Trente. Sans doute, cette vérité n’étant pas encore un dogme, il n’y aurait pas hérésie à nier l’assomption de la Très Sainte Vierge ; ce n’en serait pas moins un péché grave contre la foi.
    N.B. : L’ouvrage cité en référence à été publié en 1937 ; l’Assomption fut défini comme dogme (c’est-à-dire « vérité de foi ») par le pape Pie XII en 1950 dans la constitution apostolique Munificentissimus Deus.
  6. « Je pense qu’à la fin du monde la Sainte Vierge sera bien tranquille, disait dans ses catéchismes le saint Curé d’Ars, mais tant que le monde dure, on la tire de tous les côtés… La Sainte Vierge est comme une mère qui a beaucoup d’enfants. Elle est continuellement occupée à aller de l’un à l’autre » (Monnin, Esprit, p. 91).
  7. Contempler, aimer, telles sont en effet les grandes occupations du ciel. La foi et l’espérance disparaîtront, mais la charité demeurera.
    « Il n’y a rien sur terre de doux comme l’amour… rien qui donne au cœur une joie aussi durable…, rien qui remplisse autant l’âme et lui fasse oublier toute autre chose.
    « Quand on aime, et qu’on aime bien fort… les plus longues heures passent comme un courant rapide de délices qui ne cessent pas…
    « Une seule chose, ici-bas, empêche la perfection du bonheur que donne l’amour…, c’est la pensée qu’il ne pourra ainsi durer toujours…
    « Au ciel, l’âme saura, dans un sentiment de joie inexprimable…, et sans qu’elle puisse en douter, que le bonheur dont elle jouit n’aura pas de fin… »
    P. Doyotte, s.j., courtes méditations pour hommes (Mouveaux, 31 rue Mirabeau, Nord)
  8. Abbé Perreyve.
  9. Messe de la Vigile, secrète.
  10. P. Meschler

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