samedi 27 avril 2024.
 

Fleur à Marie 24/31 : Sur la mort de la Sainte Vierge.

Pourquoi la Sainte Vierge est-elle sujette à la mort ?

Quoique Dieu eût préservé Marie du péché originel, il ne voulut pas la délivrer de la mort du corps qui est la peine de ce péché ; il voulut au contraire qu’elle la souffrit comme les autres enfants d’Adam,

  • pour montrer que l’arrêt de mort porté contre tous les hommes est général et irrévocable ;
  • pour qu’elle fût plus conforme à son divin fils, qui, étant l’auteur de la vie, a bien voulu se soumettre à la mort ;
  • enfin pour nous donner l’exemple des vertus que nous devons pratiquer à ce dernier moment.

Quelques humiliantes que soit la loi qui nous condamne à la mort, Marie s’y soumet avec une humilité profonde, avec une résignation parfaite, avec une confiance entière en la bonté de son Dieu, avec un désir ardent de se réunir à l’objet de tout son amour.

Que notre mort sera heureuse, si nous l’acceptons avec les mêmes sentiments d’humilité, d’obéissance, de confiance et d’amour !

Comment elle meurt ;

La mort de la Sainte Vierge est comparée par les saints pères à un doux sommeil, pour signifier qu’elle n’eut rien de violent et de douloureux, et que cette Divine Mère passa de cette vie mortelle à la bienheureuse immortalité, comme l’on passe à un tranquille repos.

Ce ne fut, en effet, ni la caducité de l’âge, ni la violence de la maladie, ni la défaillance de la nature qui rompirent les liens naturels qui tenaient l’âme unie au corps ; ce fut le feu du pur amour divin qui opéra cette heureuse séparation. Tout embrasée de ce feu sacré, sans crainte, dans une paix profonde, sa belle âme se détacha d’elle-même de son saint corps, et fut portée au ciel en triomphe.

Réjouissons-nous avec notre sainte mère de la douceur inexprimable de sa mort.

Prions-la de nous obtenir la grâce de mourir comme elle, dans la paix du Seigneur ; mais souvenons-nous que, pour faire une mort heureuse, il faut mener une vie sainte.

Elle est établie la protectrice des mourants.

La Sainte Vierge est établie par son fils la protectrice et le modèle des mourants. Elle les protège en les défendant contre les attaques du démon, en leur obtenant la grâce de bien mourir, en leur adoucissant ce terrible passage. Elle leur apprend à se disposer à une bonne mort

  • par une pureté angélique,
  • par le détachement des créatures,
  • par une tendre charité,
  • par l’exercice de toutes les vertus chrétiennes.

Travaillons à obtenir ces saintes dispositions, et à mériter pour nos derniers moments la protection de notre Divine Mère ; disons-lui tous les jours avec beaucoup de ferveur et avec une parfaite confiance :

Priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort.

Prière.

Ô ma Tendre Mère ! quelle sera la fin de ce misérable pécheur qui est prosterné devant vous ?

Quand je pense au moment terrible où je dois rendre compte à Dieu de ma déplorable vie, et que je me rappelle combien de fois, par mes péchés, j’ai écrit moi-même la sentence de ma condamnation, je suis saisi de crainte et d’effroi.

Ô consolatrice des affligés ! prenez pitié de moi dans mes derniers moments ; l’enfer attend ma mort pour m’accuser auprès du souverain juge.

Hélas ! que deviendrais-je, et quel sera mon sort éternel ?

Sans vous, je suis perdu, mais avec votre secours, j’espère échapper à l’enfer ; obtenez-moi de Dieu une vraie douleur de mes péchés et la force de lui être fidèle dans ce peu de jours qui me restent à vivre, mais surtout quand je me trouverai dans les angoisses de la mort.

Marie, mon espérance, alors plus que jamais, ne m’abandonnez pas et soutenez ma confiance, afin que la vue de mes péchés ne me jette pas dans le désespoir.

Exemple.

Mort déplorable d’un pécheur impénitent.

C’est un sentiment commun parmi les saints docteurs, que la dévotion à la très Sainte Vierge est un gage presque assuré de salut, et qu’il est comme impossible qu’un véritable serviteur de Marie périsse, pourvu qu’il persévère dans cette précieuse dévotion, et qu’avec son secours, il s’efforce d’éviter le péché et de pratiquer constamment la vertu.

Mais, ce serait une illusion grossière de croire que la mère de Dieu nous sauvera sans nous, et que, pourvu que nous lui adressions quelques prières, elle prendra soin de notre âme, tandis que nous ferons tout ce qu’il faut pour nous perdre.

Voici un trait frappant de la justice divine, qui est rapporté par le père Maffei, auteur grave et digne de foi, et qui nous montrera que, quelques efficaces que soit la protection de la Sainte Vierge ; on peut néanmoins en abuser, et se rendre inutile un si puissant secours.

Un jeune homme qui appartenait à des parents encore plus distingués par leur religion que par le rang qu’ils tenaient dans le monde, suivait les classes d’un collège où fleurissaient également les études et la piété. Il avait les plus heureuses dispositions pour la vertu et pour la science ; ces dispositions, cultivées par des mains religieuses et habiles, se développaient tous les jours dans cette belle âme, d’une manière qui faisait l’admiration et la joie de ses parents et de ses maîtres. Sa tendre dévotion pour la Sainte-Vierge lui fit ambitionner et solliciter vivement le privilège d’entrer dans une congrégation établie dans ce collège en l’honneur de l’auguste Mère de Dieu ; elle était composée de tous les jeunes gens qui désiraient mettre en sûreté leur salut et faire des progrès dans la piété, sous la protection de la Reine du Ciel. Il y fut admis, et en devint le modèle.

On serait quelquefois tenté de croire qu’il y a des âmes privilégiées qui n’ont point participé, pour ainsi dire, à la malédiction d’Adam ; mais détrompons-nous ; c’est pour tous les hommes que le royaume des cieux souffre violence, et tant qu’on est dans cette voie d’épreuve, il n’y a rien qui puisse pleinement rassurer, et il faut jusqu’au dernier moment opérer son salut avec crainte et tremblement.

Le jeune homme dont nous parlons trouva le funeste secret de ternir tant de belles qualités, et même de se rendre inutile la toute-puissante protection de la mère de miséricorde. Il avait chez ses parents un précepteur particulier qui le conduisait au collège, et qui par ses méchantes manières et ses discours empoisonnés vint à bout de corrompre son cœur. Le jeune homme résista quelque temps à cette tentation dangereuse ; mais il manqua de prudence et de fidélité en un point essentiel. Il devait mettre son innocence en sureté, en dénonçant son séducteur ; il fut arrêté par le respect humain, il compta sur lui-même, et il se perdit.

La Sainte Mère de Dieu est l’asile des pécheurs, mais non le soutien des âmes présomptueuses qui, se fiant sur leurs forces et leur fidélité passée, restent volontairement exposées au danger.

Le malheureux jeune homme apprit le mal qu’il avait heureusement ignoré jusqu’alors, et il s’y livra sans retenue. Cette belle âme, auparavant si pure, semblait ne plus trouver de plaisir qu’à satisfaire la passion honteuse que l’apôtre défend de nommer parmi les chrétiens. Les sentiments de piété dont il était pénétré s’affaiblirent bientôt dans son cœur. Il ne trouvait plus que dégoût et ennui dans ses exercices spirituels, et abandonna insensiblement ses pieuses pratiques en l’honneur de Marie, qui avaient autrefois pour lui tant de charme. Miné par cette longue suite d’infidélités, il dépérissait dans la voix du salut sans s’en apercevoir, et à force de lasser la patience de Dieu, il se préparait à lui-même le dernier coup qui allait consommer sa perte.

Une nuit, avant de se livrer au sommeil, les discours de son coupable précepteur revinrent à sa pensée ; par un reste d’habitude de vertu, le premier mouvement de son cœur fut d’écarter ces idées criminelles ; elles reviennent à la charge, le démon redouble ses efforts, et l’infortuné succombe. Justice de mon Dieu, c’est là que vous l’attendiez ! vous avez promis le pardon aux pénitents, mais non le lendemain aux pécheurs. Le malheureux est frappé de mort subite, sans avoir le temps de se reconnaître, sans pouvoir même invoquer le nom de Marie. On peut juger de la consolation où furent plongés, le lendemain matin, ses vertueux parents, qui s’étaient aperçus de l’affaiblissement de sa piété, mais sans en soupçonner la cause. Ils ne tardèrent pas à la connaître : un saint prêtre, qui affectionnait beaucoup le défunt, ayant voulu célébrer la sainte messe pour le repos de son âme, se sentit repoussé plusieurs fois par une force invisible, et entendit une voix lamentable qui lui dit :

Je suis le jeune homme mort la nuit dernière ; n’offrez pas pour moi un sacrifice qui ne me servira de rien, je suis damné ;

et après lui avoir raconté en peu de mots sa déplorable histoire, il disparut, laissant ce saint religieux plongé dans la plus profonde consternation1.

Pratique.

Prosternez-vous devant l’image de Marie, et récitez le Memorare pour demander la persévérance finale.

Oraison Jaculatoire.

Maria, mater gratiæ, mater misericordiæ, tu nos ab hoste protege, et hora mortis suscipe.
Marie, mère de grâce, mère de miséricorde, défendez-nous contre l’ennemi du salut, et secourez-nous à l’heure de la mort.


Articles connexes


Messe du Jour

De la férie. Messe comme au jour de l’Ascension.


Notes & Références

Nouveau MOIS DE MARIE, ou Le mois de mai consacré à la gloire de la Mère de Dieu, par un prêtre du diocèse de BELLEY, Paris, 1845, G. Martin, Libraire-Editeur.

  1. Retraite du père Maffei.

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