samedi 27 avril 2024.

Silence et vie intérieure

Sainte Vierge Marie, apprenez-moi à parler moins aux hommes, et plus à Dieu.

Le silence, patrie des forts.

Tout le monde parlait autour de la crèche, sauf Marie, mère de Jésus, qui écouter attentivement et « retenait toutes les paroles, les méditant dans son cœur1 ».

En tout temps les hommes ont trop parlé, et pas assez réfléchi, pas assez adoré, pas assez prier. Quiconque a le souci de la vie intérieur méditera avec profil les belles pages du cardinal de Bérulle, puis celle d’une carmélite, que nous allons citer.

Quant à ceux qui ont fait des retraites « fermées », ils connaissent par expérience les avantages du silence, ils savent que c’est un réel sacrifice, mais aussi un de ceux qui payent le plus. C’est dans le silence qu’on se forme une âme courageuse, une âme priante.

« Le silence est la patrie des forts. », disait le P. De Ravignan.

Le silence de Notre-Dame

« C’est le partage de la vierge, en ce temps, d’être en silence. C’est son état, c’est sa voie, c’est sa vie2. Sa vie est une vie de silence qui adore la parole éternelle.

« En voyant devant ses yeux, en son sein, en ses bras cette même Parole. La Parole substantielle du Père, être muette et réduit au silence par l’état de son enfance, elle rentre en un nouveau silence et y est transformé à l’exemple du Verbe incarné, qui est son fils, son Dieu est son unique amour. Et, sa vie se passe de silence en silence, de silence d’adoration en silence de transformation, son esprit et ses sens conspirant également à former et à perpétuer en elle cette vie de silence…

« C’est un des effets sacrés et divins du silence de Jésus, de mettre la Très Sainte Mère de Jésus en une vie de silence. Silence humble, profond et adorant plus saintement et plus disertement la sapience3 incarnée, que les paroles ni des hommes ni des anges. Ce silence de la Vierge n’est pas un silence de bégaiement et d’impuissance, c’est un silence de lumière et de ravissement. C’est un silence plus éloquent, dans les louanges de Jésus, que l’éloquence même. C’est un effet puissant et divin dans l’ordre de la grâce, c’est-à-dire c’est un silence opéré par le silence de Jésus, qui imprime ce divin effet en sa Mère, et qui la tire à soi dans son propre silence, et qui absorbe en sa divinité toute parole et pensée de sa créature.

« Aussi est-ce une merveille de voir quand cet état du silence et d’enfance de Jésus, tout le monde parle, et Marie ne parle point… Les anges parlent (de Jésus) et entre eux-mêmes et aux pasteurs : et Marie est en silence. Les pasteurs courent et parlent : et Marie est en silence. Les rois arrivent, parlent et font parler toute la ville… : Et Marie est en silence. Tout l’État est ému, et chacun s’étonne et parle du nouveau roi recherché par les rois : et Marie est en son repos et en son sacré silence. Siméon parle au Temple, et Anne, la prophétesse, et tous ceux qui attendent le salut d’Israël : et Marie offre, donne, reçoit et apporte son Fils en silence…

« Maria autem conservabat… Marie retenait toutes ces paroles les méditant dans son cœur. Voilà l’état de l’occupation de la Vierge, voilà son exercice et sa vie au regard de Jésus durant sa sainte enfance4 ».

La pratique du silence.

« La vie intérieure pourrait consister dans ce seul mot : silence ! C’est le silence qui prépare les saints, c’est lui qui les commence, qui les continue, qui les achève.
« Dieu, qui est éternel, ne dit qu’une parole, c’est le Verbe. D’eux-mêmes, il serait à désirer que toutes nos paroles expriment Jésus directement ou indirectement. Ce mot : silence, qu’il est beau !

• « Parlez peu aux créatures et beaucoup à Dieu. Tel est le premier pas, mais indispensable…

• « Silence dans le travail, dans les mouvements… Silence de tout l’être extérieur, préparant l’âme à passer en Dieu…

• « Silence de l’imagination (refoulant) les émotions étrangères, les vagues expression, les tristesses…

• « Silence de la mémoire. Silence au passé… Oubli. Il faut saturer cette faculté du souvenir des miséricordes de Dieu. C’est la reconnaissance dans le silence, c’est le silence dans l’action de grâce.

•« Silence aux créatures. Oh ! misère de notre condition présente ! Souvent, l’âme attentive sur elle-même surprendra, conversion intérieurement avec les créatures, répondant leur nom. Oh ! humiliation qui a fait gémir les saints ! Alors cette âme doit se retirer doucement dans les plus intimes des profondeurs de ce lieu cacher, où repose la Majesté inaccessible du Saint des saints, et où Jésus, son consolateur et son Dieu se découvrira à elle, lui réveillera ses secrets, et lui fera essayer de la béatitude future. Alors, il lui donnera un amer dégoût pour tout ce qui n’est pas lui, et tout ce qui est de la terre, ce sera peu à peu de la distraire.

• « Silence du cœur… Silence des affections, des antipathies, silence des désirs dans ce qu’ils ont de trop ardent, silence du zèle dans ce qu’il y a d’indiscret ; silence de la ferveur dans ce qu’elle a d’exagéré… Silence de l’amour dans ce qu’il y a d’exalté, non de cette sainte exaltation dont Dieu est l’auteur, mais de celle où se mêle la nature… Silence devant Dieu, la beauté, la bonté, la perfection…
« Un cœur dans le silence, c’est un cœur de vierge, c’est une mélodie pour le cœur de Dieu…

• « Silence de la nature, de l’amour-propre… Silence devant les mépris, les préférences, les murmures… Silence de la nature devant les joies ou les plaisirs…, dans la peine ou les contradictions…, dans la santé, la maladie, la privation…

• « Silence dans l’esprit. Faire taire les pensées inutiles, les pensées agréables, naturelles… Notre esprit veut la vérité, et nous lui donnons le mensonge. Or la vérité essentiel, c’est Dieu

• « Silence du jugement… De la bienheureuse et sainte enfance… Silence du Verbe incarné.

• « Silence de la volonté. Le silence aux commandements, le silence aux saintes lois de la Règle…
« Le silence dans les angoisses du cœur, dans les douleurs de l’âme ; le silence d’une âme qui s’est vue favorisée, et qui, se sentant repoussée, ne prononce même pas ses mots : Pourquoi ? Jusqu’à quand ? C’est le silence dans l’abandon… Le silence sans autre plainte que celle de l’amour…

• « Silence avec soi-même. Ne pas se parler intérieurement, ne pas s’écouter, ne pas se plaindre, ni se consoler… S’oublier…, Se séparer de soi-même…

• « Silence avec Dieu. Au commencement, Dieu disait à l’âme : Parle peu aux créatures et beaucoup avec moi. Ici, il lui dit : Ne me parle plus. Silence avec Dieu, c’est adhérer à Dieu… S’offrir avec lui, s’anéantir devant lui, l’adorer, l’aimer, l’écouter…, se reposer en lui. C’est le silence de l’éternité, c’est l’union de l’âme avec Dieu ».


Pour nourrir vos méditations


Notes & Références

Sujet d’Oraison pour tous les jours de l’année, Tome II, De l’Avent au Carême — Notre-Dame — L’Incarnation — L’Enfance de Jésus, P. J.-B. Gossellin, S.J., 2ᵉ édition revue et augmentée, Apostolat de a prière, Toulouse, 1937, p.182-186.

  1. Luc II, 19
  2. Une fois cependant, l’humilité fit sortir Marie de cet état de silence. Proclamée bienheureuse par sa cousine Elisabeth, elle tint à confesser très haut son néant et à renvoyer à Dieu toute la gloire de sa merveilleuse vocation à la maternité Divine.
  3. Sagesse et science.
  4. Cardinal de Bérulle, Œuvres de piété, opuscule XXXIX ; édition Migne, c. 988-989.

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