lundi 29 avril 2024.

La Fête de tous les Saints

Vous qui avez été ce que nous sommes, faites que nous soyons ce que vous êtes.

Vous qui voyez, faites que nous croyons.

La félicité des saints

Nous honorons et invoquons aujourd’hui tous les saints, et parmi eux tant d’amis et de parents que nous avons connus et qui pensent à nous avec une tendresse particulière. Ils ont accompli les mêmes besognes, subi les mêmes tentations et les mêmes épreuves que nous.

À présent, ils jouissent d’une récompense qui dépasse tout ce que l’esprit humain est capable d’imaginer.

L’œil de l’homme n’a point vu, son oreille n’a point entendu, son cœur n’a jamais compris ce que Dieu prépare pour ceux qui l’aiment.

Voilà tout ce que saint Paul, transporté au troisième ciel, a pu nous révéler sur le bonheur des élus…

Il y a ici-bas des joies enivrantes…

Pourtant, elles ne méritent pas le nom de joies, lorsqu’on les compare aux joies du Paradis… Et, puis, elles sont si courtes ! Au ciel, on jouit à tout instant de la perspective d’une éternité de bonheur…

Dieu, en tout ce qu’il fait, agit en Dieu. Il aime en Dieu… Il se donne en Dieu… Il récompense en Dieu.

De même qu’il communique aux élus son éternité, il leur fait part, dans la mesure du possible et de leurs mérites, de sa propre béatitude.

Pour connaître le prix du Paradis, il n’y a qu’à considérer ce que vaut le sang de Jésus… Il l’a versé jusqu’à la dernière goutte pour nous mériter le ciel.

Je crois, ô mon Dieu, mais je sens que ma foi est encore si imparfaite… Venez donc en aide à mon peu de foi ! Faites-moi croire que vous m’enivrerez un jour d’un torrent de délices, puisqu’en vous est la source de la vie1, la source de l’amour, la source du vrai bonheur.

Dieu lui-même est la récompense, la paix, les délices des élus.

Nous aspirons après la maison du Père qui est notre maison. Enfants de Dieu, nous avons bien le droit d’ambitionner notre part d’héritage. Tous les matins, dans l’oraison dominicale, nous demandons le Royaume, le bonheur du ciel. Nous l’obtiendrons un jour, car Dieu est fidèle. Or cet héritage, c’est Dieu en personne, Dieu qui comblera lui-même notre capacité de bonheur.

Le principe, la source, le centre de notre bonheur, au ciel, sera la vision de l’éternelle Beauté…

Nous contemplerons Dieu face à face, dans sa splendeur… Et, toutes les autres choses seront absorbées, abîmées… dans les délices et l’extase de cette contemplation…

Telle est la source d’où jaillissent les autres joies…

C’est cela, le ciel… Car toute perfection, toute beauté, toute joie, tout bonheur, qui existe ou qui peut exister, se trouve en Dieu… et s’y trouve à un degré infini.

Ô mon Dieu, attirez-moi à vous par la foi et l’espérance, afin que je méprise les joies fugitives et que je m’attache au seul vrai bien.

Au ciel, tous nos désirs, toutes nos aspirations seront comblées… Nous jouirons de Dieu et nous le posséderons dans la paix, comme nous possédons un héritage qui nous est échu et que personne ne peut nous disputer ; nous en jouirons dans l’union la plus intime et la plus délicieuse, sans crainte d’en être jamais séparés.

En vertu de cette union et de la vision de Dieu, nous deviendrons semblables à lui2. Il nous transformera en lui-même, non pas en détruisant notre être, mais en l’unissant au sien. Il nous communiquera sa nature, sa grandeur, sa force, sa connaissance, sa sainteté, sa félicité.

Après la résurrection des élus, nous dit saint Paul, Dieu sera tout en tous3 :
« Que peut-on entendre de plus court ? s’écrie Bossuet. Que peut-on imaginer de plus vaste ou de plus immense ? Dieu est un, et en même temps, il est tout : et étant tout à lui-même, parce que sa propre grandeur lui suffit, il est encore tout à tous ses élus, parce qu’il remplit par sa plénitude leur capacité tout entière et tous leurs désirs. S’il leur faut un triomphe pour honorer leur victoire, Dieu est tout ; s’ils demandent la consolation après avoir saintement gémi parmi les amertumes de la pénitence, Dieu est tout. Dieu est la lumière qui les éclaire ; Dieu est la gloire qui les environne ; Dieu est le plaisir qui les transporte ; Dieu est la vie qui les anime ; Dieu est l’éternité qui les établit dans un glorieux repos4 ».

Je me souviendrai que la sainte communion constitue pour moi un gage de l’éternelle félicité et j’adorerai avec une grande foi Celui que je reçois tous les matins et qui sera un jour tout mon bonheur.

Cette méditation peut m’être de la plus grande utilité et contribuer puissamment à me détacher des affections terrestres, si je parviens à comprendre, ou plus exactement à croire que je retrouverai en Dieu, et au centuple, toutes les jouissances que j’abandonne pour lui.

Jésus, source de toute beauté, je vous adore et je vous aime.
Jésus, source de toute bonté, je vous adore et je vous aime.
Jésus, source de tout bonheur et de toute joie, soyez dès à présent tout mon désir et toute ma richesse.

Les « Béatitudes », chemin du Paradis.

Qui pourrait exprimer la joie d’une âme qui parvient dans le Paradis, qui « entre dans la joie de son Seigneur », qui découvre la face de Dieu ? Cette joie sera la mienne, mais plus tard. La tâche présente est d’assurer le triomphe de la grâce, de vivre en véritable enfant de Dieu et de mériter la gloire, ce que je réaliserai dans la mesure où je me dépouillerai laborieusement de mon égoïsme, de mon orgueil et de l’amour de mes aises5.

Je me rappellerai que tout chrétien qui conserve, ou retrouve, la grâce sanctifiante, porte Dieu dans son cœur, et qu’avec Dieu, il possède en germe le bonheur du ciel. Le ciel ne fait que révéler Dieu à ses élus, il ne le « donne » pas.

Oh ! qu’il arrive pour moi, Seigneur, l’épanouissement triomphal du germe divin que le baptême a déposé dans mon cœur ! Que le royaume du ciel arrive pour moi ! Qu’il arrive par la voie royale qui vous a permis d’y pénétrer le premier, ô mon Roi Jésus ! Qu’il arrive, ce royaume céleste, au moyen des vertus que vous avez béatifiées sur la montagne : pauvreté et humilité, douceur et larmes, soif de sainteté, miséricorde, paix et patience parmi les persécutions ; qu’il arrive par l’obéissance aux volontés divines, parfaite en moi à rendre jaloux les habitants du ciel.

Qui refusera de combattre, voyant les riches couronnes que vous nous préparez ? Qui pourra trouver le travail trop pénible, sachant que vous êtes vous-même la récompense, grande à l’excès ?…

Nos souvenirs dans le ciel.

« Une des principales causes de notre gratitude envers Dieu, et de notre bonheur continuel dans le Paradis, sera de nous souvenir du passé…

• « Dès ici-bas, nous pouvons nous faire quelques idées de la merveilleuse bonté de Dieu envers nous, en voyant tout ce qu’il a fait pour nous préserver du péché… et pour nous mettre et nous maintenir sur le chemin du ciel.
« Au ciel, nous en aurons la claire vue…

• « Quelle joie aussi et quel bonheur à la pensée de tout ce que nous aurons fait pour Dieu sur la terre !…
« Chacun de nos renoncements…, chacun des mouvements de notre cœur qui aura été pour Dieu…, la plus secrète et la plus petite de nos œuvres de charité, tout sera rappelé à notre pensée et publié dans les cieux…
« Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même nous dira sa gratitude… et notre cœur sera inondé de bonheur.

• « Nos péchés eux-mêmes, indirectement, serviront à notre bonheur…
« Ils seront pour notre cœur une cause d’infinie reconnaissance envers ce Maître si bon qui les a lavés dans son sang… Ils nous rappelleront, dans un contraste qui nous comblera de joie, ce qu’ils auraient fait de nous, et ce que nous sommes6… »
« Vere dignum et justum est… Il est vraiment digne et juste, raisonnable et salutaire de vous rendre grâces en tout temps et en tout lieu, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel… »

On peut commencer le ciel sur la terre.

• Sur terre, dans cette vallée de larmes, la vie, même la plus heureuse, n’est que misère en comparaison du ciel.
Cependant, nous pouvons commencer dès ici-bas une vie qui donne à présent la paix et qui contienne en germe le bonheur du ciel…
« Ce qui fait le bonheur du ciel, l’élément essentiel de la béatitude, c’est d’être uni à Dieu…
« Quiconque est uni à Dieu sur la terre par l’amour saint et la charité divine, possède en lui tous les germes et la source du bonheur céleste.

• « Cet amour de Dieu, cette charité divine, il faut bien le comprendre, ne consistent pas dans le sentiment…, dans l’absence de souffrance…, dans le succès…, dans la préservation des tentations…
« Notre vie peut être une croix continuelle…, même une longue suite de misères, de défaillances… et de chutes, comme il arrive dans la pauvre nature humaine… Nous pouvons vivre dans le besoin… mourir délaissés… et cependant notre vie peut être le commencement du ciel sur la terre.

• « En quoi consiste cette charité divine si précieuse ? Elle consiste à faire ce que nous savons être la volonté de Dieu dans le détail de nos actions de chaque jour…, à nous guider principalement par la pensée de Dieu, à agir pour lui, et non pas pour nous… »

Ô saints du ciel connus et inconnus, saints de ma famille et saints de mon pays, vous tous qui contemplez Dieu et qui l’aimez, obtenez-moi d’accomplir sa volonté sur terre comme vous l’accomplissez dans le ciel.


Lectures pour nourrir vos méditations


Notes & Références

Sujet d’Oraison pour tous les jours de l’année, Tome II, “De l’Avent au Carême” Notre-Dame — L’Incarnation — L’Enfance de Jésus, P. J.-B. Gossellin, S.J., 2ᵉ édition revue et augmentée, Apostolat de a prière, Toulouse, 1937, p. 301-307.

  1. Ps. XXXV, 9-10.
  2. « Mes bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons un jour n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons qu’au temps de cette manifestation, nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’il est. » (I Jean III, 2)
  3. « Et lorsque tout lui aura été soumis, alors le Fils lui-même fera hommage à celui qui lui aura soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. » I Cor. XV, 28.
  4. Bossuet, Sermon pour la Toussaint, 1669.
  5. La maxime de saint Ignace (Cf. Exercices Spirituels, Réforme de vie) est très voisine de celle de Tauler, que saint François de Sales estimait tant : « J’ai trouvé Dieu là où je me suis laissé moi-même; et où je me suis trouvé moi-même, c’est là que j’ai perdu Dieu. »
  6. Ce point et le suivant sont tirés des Courtes Méditations du P. Doyotte, s. J., Economat de N.-D. du Haut-Mont, 31, rue Mirabeau, Mouvaux (Nord), 4 fr.

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