lundi 29 avril 2024.

Décollation de saint Jean-Baptiste

Ô Jean, vaillant témoin du Christ, faites que j’ai honte ma médiocrité !

Courage de saint Jean-Baptiste

S. Jean était très estimé d’Hérode, puisque le tétrarque, voyant en lui un homme juste et saint,… le vénérait, l’écoutait volontiers et agissait souvent d’après ses avis1. Malgré cela, il eut le courage de reprocher au monarque son mariage, doublement incestueux, avec sa nièce et belle-sœur Hérodiade.

Admirons cette droiture et cette belle indépendance de caractère : le devoir est clair, Jean n’hésite pas.

Il y gagne la prison et la haine d’Hérodiade. Un homme moins uni à Dieu, moins désireux de lui plaire, et dont le zèle aurait été moins pur, aurait cherché quelque accommodement, quelque bonne raison de se taire, et aurait trouvé sans difficulté. Pour Jean au contraire, perdre le repos, l’honneur, la vie même au service du Christ, c’est un gain2.

Remarquons aussi que l’attitude du Précurseur est commandée par un motif surnaturel, sans être aucunement le fait d’un caractère trop entier ou impétueux.

On se rappelle la merveilleuse douceur et la prudence dont fit preuve le Baptiste quand soldats et publicains venaient lui avouer leurs fautes.

Donnez-moi, ô mon Sauveur, cette fermeté d’âme dans l’accomplissement du devoir, cette vigueur qui sied aux apôtres, cette constance héroïque de votre saint Précurseur. Mais souvenez-vous que je suis la faiblesse même, et si vous voulez que je m’oppose aux ennemis de votre Croix, revêtez-moi de la force d’En-haut3, car il n’y a qu’elle au monde qui puisse me donner la victoire.

Comment saint Jean accueillit l’épreuve.

Hérode ajouta à ses autres crimes celui d’emprisonner Jean4.

Considérons la conduite de la Providence à l’égard du saint Précurseur. Jusque-là tout lui avait réussi : sa parole attirait les foules, remuait les cœurs, en imposait à Hérode lui-même. Il était temps qu’il participât aux souffrances et aux persécutions que le Christ, au début de son premier discours, avait solennellement béatifiées.

C’est pour cela, c’est pour faire resplendir sa patience et embellir sa couronne que la Providence divine, dirigée par le Cœur de Jésus, permit l’emprisonnement et la mort du plus grand des prophètes.

La tribulation (en effet) produit la constance, la constance une vertu éprouvée, et la vertu éprouvée l’espérance. Or l’espérance ne trompe point (ceux qui se glorifient ainsi dans leurs tribulations), car l’amour de Dieu est répandu dans (leurs) cœurs par l’Esprit-Saint5.

Il est manifeste que Jean accueillit l’épreuve à la manière des saints, heureux de souffrir pour une cause glorieuse, pour la sainteté et la pureté du mariage. Il suivit donc avec joie les soldats qui l’emmenaient, fit de sa prison un lieu de prière et baisa ses chaînes, qu’il n’aurait pas échangées contre un diadème.

Est-ce avec cet esprit de foi que j’accueille les contrariétés, les insuccès et les peines ? Je dois absolument me pénétrer de cette pensée que, dans le plan divin, les différentes créatures — c’est-à-dire tout ce qui est entre Dieu et moi — n’existent pas seulement pour me faire jouir, mais un peu aussi pour me faire souffrir.

Ô bienheureux martyrs qui avez été les amis de Jésus et de sa croix, S. Jean, S. André et S. Paul, obtenez-moi un accroissement d’esprit surnaturel qui me fasse voir dans les épreuves ce qu’elles sont en vérité : un moyen rapide d’aller à Dieu.

Martyre de saint Jean — Le secret de sa vie.

Nous ne raconterons pas le martyre : il est dans toutes les mémoires6. Imaginons la joie de Jean lorsqu’il entendit le bourreau lui dire qu’il allait être décapité. Il fut ravi de donner à Dieu la marque suprême du dévouement. Le dernier, comme d’ailleurs le premier geste de son existence, devait être un geste d’amour et d’élan vers Dieu.

Enfance, travaux apostoliques, martyre, tout, dans le saint Précurseur, est admirable. Mais quel est donc le secret de cette générosité soutenue ? Il tient tout entier dans ce fait que Jean, dès le sein de sa mère, fut rempli du Saint-Esprit. Or les fruits de l’Esprit s’appellent charité, joie, paix, patience, mansuétude, bonté, fidélité, douceur, tempérance7.

Pareille plénitude, je ne puis l’espérer sans présomption, car elle est réservée à ceux que le Père a choisis entre beaucoup, et le Père choisit qui il veut. Cependant je peux et je dois aspirer moi aussi à une large effusion de l’Esprit. Si je reste ce que je suis, médiocre et lâche, après tant de communions, retraites et autres grâces de choix, n’est-ce pas, en partie du moins, parce que je n’estime pas suffisamment la venue sanctifiante du Paraclet, parce que je ne la sollicite que rarement, mollement ou avec routine ?

Je demanderai à Jean, je demanderai à la Vierge Marie, qui lui porta Jésus tout au début de son existence, de m’obtenir une effusion abondante du Saint-Esprit et de ses dons, et je dirai lentement et du fond du cœur le Veni Creator, répétant plusieurs fois la strophe :

Accende lumen sensibus, infunde amorem cordibus, infirma nostri corporis virtute firmans perpeti.

Ô Jean, qui avez possédé en plénitude l’Esprit de Jésus, obtenez-moi, par les mérites de votre vie et de votre martyre, la grâce de désirer ardemment le bon Esprit, de le solliciter sans répit et d’importuner tellement le ciel que je me voie exaucé dans une mesure peu commune.


Lectures pour nourrir vos méditations


Notes & Références

Sujet d’Oraison pour tous les jours de l’année, Tome III,  « Temps après la Pentecôte » — Vie Publique de Jésus — Enseignements et Miracles, P. J.-B. Gossellin, S.J., 2ᵉ édition revue et augmentée, Apostolat de a prière, Toulouse, 1940, p.172-175.

  1. « Car Hérode, sachant que c’était un homme juste et saint, le vénérait et veillait sur sa vie ; il faisait beaucoup de choses d’après ses conseils et l’écoutait volontiers. » Marc VI, 20
  2. « Car, pour moi, la vie c’est le Christ, et la mort m’est un gain. »Épître aux Philippiens I, 21.
  3. « Et moi, je vais envoyer en vous le don promis par Mon Père ; mais demeurez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en haut. » Luc XXIV, 49.
  4. Luc III, 20
  5. « Et non seulement cela, mais nous nous glorifions même dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la patience ; la patience l’épreuve, et l’épreuve l’espérance. Or l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint, qui nous a été donné. » Épître aux Romains V, 3-5.
  6. Voir l’Evangile de la messe du 29 août. L’épître, tirée de Jérémie, indique d’où est venu à Jean le courage de s’opposer aux rois et de parler sans crainte : « Ego tecum sum, ait Dominus ; je suis avec toi, dit le Seigneur. » Cette assistance divine elle-même fut assurée à Jean, parce qu’il était un homme d’oraison.
  7. « Mais les fruits de l’esprit sont la charité, la joie, la paix, la patience, la bénignité, la bonté, la longanimité. » Épître aux Galates V, 22.

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