samedi 20 avril 2024.
 

Lecture pour le 7ᵉ dimanche après la Pentecôte.

Gardez-vous des faux prophètes,

nous dit aujourd’hui Jésus-Christ ;

ils viennent à vous sous des vêtements de brebis, mais ils sont au-dedans des loups dévorants1.

Comme la Religion consiste principalement en deux choses, dans ses dogmes et dans sa morale, dans ce qu’Elle enseigne à croire et dans ce qu’Elle ordonne de pratiquer,

il y a deux sortes de faux prophètes,

les prédicateurs du mensonge et les prédicateurs du vice.

Les docteurs de l’erreur sont les hérétiques qui altèrent la doctrine de l’Église, et les schismatiques qui attaquent l’Église Elle-même en s’efforçant de La diviser. Toute foi opposée à celle de l’Église Catholique, Apostolique et Romaine, est hérésie ; toute communion qui en diffère est schisme. Nous avons donc un moyen sûr et facile de discerner le prophète, c’est de considérer s’il est uni de foi et de communion avec l’Église Romaine, mère et maîtresse de toutes les autres.

La seconde espèce de faux docteurs, qu’il est aussi nécessaire et plus difficile de discerner et de fuir, ce sont ceux qui émettent des opinions contraires non à la foi, mais à l’esprit chrétien. Il ne s’agit donc pas ici de ces impies déclarés qui ne font illusion à personne, mais de ces hommes que le monde appelle honnêtes, de ces hommes qui, jouissant d’une réputation méritée à certains égards, remplissant tous les devoirs de la probité civile, prétendent y réduire ceux de la Religion, et resserrent la morale chrétienne dans la justice et la bienfaisance. Des commandements divins, ils adoptent ce qui ne contrarie pas leurs inclinations, et les concilient2 avec les maximes du monde ; ils regardent comme des excès les sublimes vertus que le christianisme prescrit, et comme des minuties les pratiques pieuses qu’il conscille.

Ces docteurs sont d’autant plus dangereux que leur morale est attrayante et leurs exemples séduisants, et que tout ce qu’on aperçoit d’eux présente un aspect d’honnêteté et de régularité extérieure. Mais, si nous recherchons attentivement quels sont leurs fruits, nous verrons que leur vie est vide de bonnes œuvres véritables et méritoires devant Dieu, et que, s’abstenant des actions criminelles qui troublent la société, ils s’en permettent un grand nombre que la Religion condamne.

Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits,

continue le Divin Maître,

sera coupé et jeté au feu.

Remarquons que cette terrible sentence ne tombe pas seulement sur l’arbre qui donne de mauvais fruits, ni sur celui qui n’en produit aucun, mais sur celui qui n’en produit pas de bons.

Si donc nous voulons éviter l’éternelle damnation, il nous faut porter des fruits et en porter de bons, faire le bien et le bien faire. Que de chrétiens sont dans l’erreur à ce sujet et font consister toute la vertu dans l’omission du mal ! Il ne suffit pas de dire : je ne fais pas de mal.

On sera condamné non pas seulement pour le mal qu’on aura fait,

mais aussi pour le bien qu’on aura omis de faire.

Se préserver du péché n’est point toute la loi ; ce n’en est que le commencement.

Tous ceux qui disent : Seigneur, Seigneur, n’entreront pas dans le Royaume des cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là entrera dans le Royaume des cieux.

Les fruits salutaires que doit produire un vrai chrétien ne consistent pas dans des paroles, dans de vains mots, mais dans des œuvres, res, non verba3, dans les œuvres de la justice et de la charité, dans l’observance exacte, courageuse, persévérante de tous nos devoirs envers Dieu et nos semblables, dans l’accomplissement de ces obligations spéciales à chaque chrétien qui s’appellent les devoirs d’état, devoirs de père et de mère, devoirs de maître, devoirs de serviteur, etc.

Faisons donc les œuvres de Jésus-Christ, accomplissons tout ce qu'll nous commande, évitons tout ce qu'll nous défend ; gardons-nous des faux prophètes et prenons conseil des bons ; ainsi, nous serons assurés d'accomplir la volonté de notre Père qui est aux cieux, et, au terme de notre exil, nous mériterons d'entrer dans l'éternelle gloire.

Pour aller plus loin…

Billet dominical « dimanche de la Pentecôte »

Billet dominical « 1ᵉ dimanche après la Pentecôte : Fête de la Sainte Trinité »

Billet dominical « 2ᵉ dimanche après la Pentecôte »

Billet dominical « Fête du Sacré-Cœur »

Billet dominical « 4ᵉ dimanche après la Pentecôte »

Billet dominical « 5ᵉ dimanche après la Pentecôte »


Messe du Jour

7ᵉ dimanche après la Pentecôte


Notes & Références

Semaine Religieuse de Bayeux, 1865.

  1. Mt 7, 15
  2. Concilier (du latin conciliare, unir) 1. Mettre d’accord des personnes par une procédure de conciliation. Synonyme : raccommoder – réconcilier.
    2. Rendre des choses compatibles ; harmoniser : concilier ses besoins avec l’intérêt général. Synonyme : ajuster – arranger – harmoniser.
    3. Disposer favorablement quelqu’un à l’égard de quelqu’un d’autre, le faire bénéficier de cette attitude bienveillante.
    Se Concilier : 1. Être compatible avec autre chose : Son activité ne se concilie guère avec sa foi. Synonyme : s’accorder.
    1. Se rendre quelqu’un favorable, conquérir quelque chose : Se concilier la faveur. Synonyme : s’attirer – se gagner.
  3. Res, non verba (littéralement) des réalités, non des mots. Expression latine employé pour exprimer qu’on demande (que la situation exige)   Des actes, et non des paroles  : ”Acta non verba“ 

Articles Récents

Suivez-nous !

Choix de la Rédaction

Catégories

Étiquettes