samedi 27 avril 2024.
 

Grandeur et vertus de Joseph

Obtenez-nous, ô Joseph, de mener une vie sans tâche, une vie dont votre protection soit la sécurité1 !

L’Époux de la Vierge et le Père nourricier du Christ.

Sur l’Époux de Marie, les évangélistes ne nous ont laissé que peu de détails, extrêmement suggestifs, il est vrai, mais si rares que nous en sommes réduits, avec les Docteurs, à établir par des raisonnements Sa Sainteté hors pair, plus encore qu’à la mesurer sur ses actes.

Que les vertus de Joseph aient été héroïques, on le comprend facilement en méditant les Évangiles, mais que Sa Sainteté l’ait tellement élevé au-dessus des autres saints, — Marie exceptée — qu’il ait mérité le titre de Patron de l’Église universelle, c’est ce qui n’a été mis en lumière qu’assez tard. Nous le déduirons, avec saint Bernardin de Sienne, de sa double prérogative d’Époux de Marie et de Père nourricier de Jésus. La grandeur du Chef de la Sainte Famille est figurée également par la singulière élévation de l’ancien Joseph2, intendant et sauveur de l’Égypte entière.

« Le mariage de Joseph et de Marie, contracté par une inspiration divine, fut un véritable mariage ; mais dans le mariage, il y a union des âmes, union presque sans égale, puisqu’on dit de l’époux et de l’épouse qu’ils sont une seule personne. Un esprit sensé peut-il donc douter que l’âme unie par le Saint-Esprit à celle d’une telle Vierge, ne lui soit pas ; en vertu, aussi semblable que possible ?…

« Je conclus donc que saint Joseph eut une pureté et une virginité souveraines, une humilité profonde, un amour de Dieu et une charité des plus ardents, un don de contemplation extrêmement élevé… Un amour transformant le portait tout entier vers Jésus enfant, dans lequel il voyait le Fils très doux que, dans la Vierge, son Épouse, lui avait donné, à lui Joseph, le Saint-Esprit3. »

« Dieu — telle est la règle de sa sagesse dans la distribution des grâces, — lorsqu’il accorde quelque faveur singulière ou élève une personne à une fonction sublime, octroie à ce privilégié non seulement les grâces nécessaires à son emploi, mais encore tous les charismes qui permettent d’y exceller. Cette règle s’est vérifiée excellemment en saint Joseph, Père putatif de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Époux véritable de la Reine du monde et Souveraine des Anges, que le Père éternel élut comme nourricier fidèle et comme gardien de ses deux trésors de prédilection : le Fils et l’Épouse de Joseph : emploi dont il s’acquitta à la perfection !…

« Si toute la Sainte Église est redevable à la Vierge Mère, de laquelle elle mérita de recevoir le Christ, c’est à Joseph, après elle, qu’elle doit un respect et une reconnaissance sans égales4. »

Grandeur et perfection de Joseph.

Joseph réalisa à la lettre la parole que le Christ devait prononcer un jour :

Soyez parfaits comme le Père céleste est parfait5.

Il fut, sur terre, la vivante image des perfections divines.

Sainteté éminente de Joseph. — « En Joseph, tout semble immense à l’œil de l’âme. Son caractère, et le premier aspect sous lequel on l’aperçoit, c’est la profondeur… Les proportions de Joseph dépassent celles des êtres terrestres. Dès ce monde, il est tout du ciel…

C’est le plus caché des fils d’Adam… ; c’est un homme saint dans toute la force du terme ; un homme à part, réservé, retiré, séparé ; un homme en qui l’on dirait que tout est intérieur. C’est un homme de Dieu, tout de Dieu, tout en Dieu, et la perfection de ce que nous avons coutume ici-bas de nommer un enfant de Dieu. »

Joseph, reflet du Père céleste. — « Joseph est un abîme, un sanctuaire, un tabernacle. Tout en lui appartient à Dieu, non seulement en droit et par la loi de sa prédestination, mais en fait et par son libre choix qui l’ajuste à sa destinée, et le rend merveilleusement fidèle à la grâce… Il est comme un reflet du Père céleste et une sorte de forme divine. »

Rôle de saint Joseph. — « Dieu a confié à Joseph, non seulement ce qu’il a de plus précieux dans tout l’univers, mais ce qui dépasse le prix de tous les univers possibles : Jésus, son Fils ; Marie, sa mère… »

« (Joseph) n’est assurément ni la source, ni le fleuve de la Rédemption, mais il est la terre docile et ouverte qui permet à la source de jaillir et au fleuve de s’écouler… Il est le sacrement conscient, vivant, méritant, agissant, de cette sagesse, de cette puissance, de cette bonté qu’on nomme la Providence, et de son action la plus excellente, qui est la direction ici-bas du Fils de Dieu fait homme, et de celle qui le suit pas à pas dès qu’elle l’a enfanté6. »

Dès lors, on comprend que Pie IX ait tenu à placer l’Église universelle sous le patronage de saint Joseph. Celui qui a si bien veillé sur Jésus enfant défendra, du haut du ciel, son Corps mystique contre les ennemis qui l’assaillent. Prions-le donc souvent, et avec une ardeur inlassable, pour les besoins de la sainte Église :

C’est à vous, bienheureux Joseph, que, nous recourons dans notre tribulation, et après avoir imploré le secours de votre très sainte Épouse, nous sollicitons aussi avec confiance votre patronage. Par cette affection sacrée qui vous a uni avec la Vierge Immaculée, Mère de Dieu, par l’amour paternel dont vous avez entouré l’Enfant Jésus, nous vous supplions de regarder d’un œil propice l’héritage chéri que Jésus-Christ a conquis au prix de son Sang et de nous assister de votre puissance et de votre secours dans nos besoins.

Protégez, ô très sage Gardien de la divine Famille, la race élue de Jésus-Christ ; préservez-nous, ô Père très aimant, de cette peste d’erreur et de corruption qui infecte le monde ; du haut du ciel, ô très puissant Libérateur, assistez-nous dans le combat que nous livrons à la puissance des ténèbres ; et de même que vous avez arraché autrefois l’Enfant Jesus au péril de la mort, défendez aujourd’hui la sainte Église de Dieu des embûches de l’ennemi et contre toute adversité.

Couvrez chacun de nous de votre protection, afin que, à votre exemple, et soutenu par votre secours, nous puissions vivre saintement, pieusement mourir et obtenir la béatitude éternelle du ciel. Ainsi soit-il7.

Vertus de saint Joseph. — Son pouvoir8.

On connaît la chasteté héroïque de l’ancien Joseph9, et l’emploi grâce auquel il amassa du froment et préserva toute l’Égypte de la famine. Or ces qualités, nous dit saint Bernard, figurent la vertu du nouveau Joseph, qui respecta la virginité de son Épouse, et la sublime fonction qui lui valut de recevoir le pain vivant descendu du ciel et de le garder pour le monde entier10.

Joseph, plus chaste encore que l’intendant de Putiphar, fit sans doute savoir à Marie qu’il renonçait aux droits du mariage, mais en acceptait toutes les charges, et conquit doublement ainsi le Cœur de son Épouse.

À quelles hauteurs, au contact de Marie et de Jésus, devaient s’élever sa foi et son obéissance, supérieures à celles d’Abraham, sa familiarité avec Dieu, plus intime que celle de Moïse, son humilité enfin et sa pureté, les récits évangéliques, sans le déclarer explicitement, nous le font entrevoir.

Grand est le pouvoir de Joseph sur les cœurs de Marie et de Jésus : sainte Thérèse d’Avila eut le privilège de le comprendre et reçut de lui un appui extraordinaire au milieu des difficultés sans nombre suscitées par la réforme de son Ordre et par les fondations qu’elle entreprit :

« Je ne me souviens pas, a-t-elle écrit au chapitre VI de sa Vie11, de lui avoir jamais adressé une supplique qu’il ne l’ait exaucée. »

Grand saint Joseph, père et protecteur des vierges, ô vous qui avez mérité de recevoir la garde de Jésus, la pureté même, et de Marie, pure entre toutes les vierges, par ce double trésor, qui vous appartient, je vous conjure avec la dernière instance de me préserver de toute souillure, de conserver mon corps chaste, mon esprit pur, mon cœur immaculé, afin que toujours, je serve Jésus et Marie en toute innocence !

Incomparable époux, dont l’âme fusionna si parfaitement avec celle de Marie, père très affectueux à qui fut donné de tenir dans ses bras le maître du monde et de compatir le premier à ses épreuves, voyez mes misères et mes besoins, voyez ceux de la Sainte Église tout entière, et laissez votre cœur s’attendrir comme l’ancien Joseph, qui pleurait à la vue de ses frères et de leur tristesse12.

Caractère de l’éminente sainteté de Joseph : sa fidélité parfaite à la volonté divine.

Saint Joseph a été un homme juste dans toute la force du terme, c’est-à-dire un homme qui sanctifia le nom de Dieu et fit arriver son règne en aimant et en exécutant sur terre sa volonté comme on l’aime et comme on l’exécute dans le ciel.

En lui s’est réalisé magnifiquement le plan du Créateur ; aussi peut-on lui appliquer, avec une vérité supérieure, les paroles que prononçait S. S. Pie XI lors de la béatification de Bernadette Soubirous :

« … Être saint, c’est connaître la volonté de Dieu et l’accomplir, quelle qu’elle soit, dans la solitude ou sur les grands théâtres de la vie. Notre Bienheureuse est un exemple accompli de fidélité parfaite à cette volonté divine.

« Quand, par l’organe de la Vierge Marie, Dieu a dit à Bernadette : “Parle”, celle-ci a parlé jusqu’à ce que le monde entier l’ait entendue.

« Et quand, plus tard, il lui a dit de “se taire”, de sortir du monde et de chercher la perfection dans la vie religieuse, elle l’a fait avec le même empressement.

« Qu’est-ce que le bon Dieu veut de moi ? — Telle est la question que, par ses exemples, la Bienheureuse nous invite tous à nous poser, parole très profonde et en même temps très lumineuse qui suffit à donner à chaque vie sa direction, puisque Dieu a une pensée sur chacune des âmes qu’il a créées et qu’il a jugées assez précieuses pour les racheter de son sang.

« Avec quelle fidélité, avec quelle perfection avons-nous répondu aux intentions de Dieu ? — Seconde question que nous suggère la Bienheureuse et à laquelle il nous sera facile de répondre dans le secret de notre conscience.

« Ces deux pensées bien méditées et devenues règle de vie nous mèneraient à la sainteté13… »

Tel est bien le caractère de la perfection de Joseph.

Il n’a rien réalisé d’extraordinaire selon le monde ; il n’a accompli aucun miracle ; il n’a rien créé, rien inventé ; il n’a exprimé aucune pensée profonde. Mais, il a fait beaucoup mieux que tout cela : il a été l’homme pur et droit qui accomplit simplement, et en toute circonstance, ce qu’il doit accomplir, qui fait toutes choses comme elles doivent être faites, qui rend à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. En un mot, Joseph a été l’homme du devoir d’état : en l’accomplissant parfaitement et en y mettant beaucoup d’amour, il a pratiqué à la perfection le premier commandement :

Tu aimeras le Seigneur de tout ton esprit et de toutes tes forces…

L’amour vrai ne consiste pas dans les paroles enflammées ou les sentiments de tendresse, il consiste à faire du matin au soir ce que Dieu attend de nous, et à le faire par amour. Que ce soit un travail manuel ou une besogne intellectuelle, peu importe. Ce qui importe, c’est l’esprit d’obéissance et d’amour qui fait agir.

Joseph n’a rien fait d’extraordinaire, mais il a fait extraordinairement bien les moindres choses, et par là, il a mérité d’être le modèle non d’une famille ou d’un pays, mais de tous les chrétiens qui composent l’Église.

C’est une belle chose, et digne des pensées de Dieu, qu’un simple ouvrier ait été choisi pour devenir le père nourricier du Christ et le Patron de l’Église universelle.

« Glorieux saint Joseph, modèle de tous ceux qui sont voués au travail, obtenez-moi la grâce de travailler en esprit de pénitence, pour l’expiation de mes nombreux péchés ; de travailler consciencieusement, mettant le culte du devoir au-dessus de mes inclinations ; de travailler avec reconnaissance et avec joie, regardant comme un honneur d’utiliser et de développer, par le travail, les dons reçus de Dieu ; de travailler avec ordre, paix, modération et patience, sans jamais reculer devant la lassitude et les difficultés ; de travailler surtout avec pureté d’intention et avec détachement de moi-même, ayant sans cesse devant les yeux la mort et le compte que je devrais rendre du temps perdu, des talents inutilisés, du bien omis et des vaines complaisances dans le succès, si funestes à l’œuvre de Dieu.

« Tout pour Jésus ! Tout pour Marie ! Tout à votre imitation, ô patriarche Joseph ! Telle sera ma devise à la vie et à la mort. Ainsi soit-il14. »


Lectures pour nourrir vos méditations…


Notes & Références

Sujet d’Oraison pour tous les jours de l’année, Tome II, “De l’Avent au Carême” Notre-Dame — L’Incarnation — L’Enfance de Jésus, P. J.-B. Gossellin, S.J., 2ᵉ édition revue et augmentée, Apostolat de a prière, Toulouse, 1937, p. 82-90.

  1. Fac nos innocuam, Joseph, decurrere vitam, sitque tuo semper tuta ! (Messe du Patronage).
  2. Office du 19 mars, leçons IV et V.
  3. Office du jeudi dans l’octave du Patronage de saint Joseph (Leçons IV et V).
  4. « …Sic profecto post eum huic debet gratiam et reverentiam singularem » (Office du Patronage de saint Joseph, leçons IV et V).
  5. Matt. V, 48.
  6. Mgr. Gay, Élévations sur la vie et la doctrine de N.-S. J.-C., Élévation 22e.
  7. Prière dont la formule se trouve dans l’Encyclique de Léon XIII du 15 août 1889.
  8. Messe du Patronage de saint Joseph.
  9. Gen. XXXVII, 50.
  10. Office du 19 mars, leçons V et VI.
  11. Vie de Sainte Thérèse d’Avila, écrite par elle-même.
  12. Gen. XLVII, 24.
  13. Allocution de S. S. Pie XI aux pèlerins nivernais venus à Rome, en 1925, pour la béatification de sainte Bernadette.
  14. Prière composée par Pie X.
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