jeudi 28 mars 2024.
 

Méditation préparatoire pour célébrer la veille du premier jour de Mai.

Motifs qui doivent nous engager à célébrer ce mois avec ferveur.

La dignité incomparable de Marie

L’admirable Marie réunit dans un degré éminent toutes les qualités les plus propres à nous inspirer pour elle les sentiments d’une profonde vénération.

Elle est la plus sainte de toutes les créatures, le chef-d’œuvre des mains de Dieu, la Reine du ciel et de la terre, la Protectrice et la Mère des chrétiens, la dispensatrice de toutes les grâces ; et, ce qui surpasse tout ce que l’esprit humain peut comprendre, elle est la Mère de Dieu, et c’est d’elle que l’adorable Jésus a pris naissance.

Ces prérogatives ineffables l’élèvent bien au-dessus de tous les Anges et de tous les Saints, et lui donnent les droits les plus incontestables sur nos cœurs.

Ayons donc toujours pour cette divine Mère un respect sincère, un amour filial et une entière confiance.

« Aimons la mère de Dieu, s’écrie saint Bernard ; aimons-la de toute l’étendue de nos cœurs et de toute la tendresse de nos affections ; rendons-lui tous les honneurs dus à la maternité divine. »

Souvenons-nous seulement qu’elle est la servante du Seigneur, et ne craignons point de lui donner des marques trop éclatantes de notre vénération ; nous n’en ferons jamais assez pour honorer celle que Dieu a tant honorée lui-même. Ah ! du moins, consacrons ce mois tout entier à sa gloire, et ne manquons pas un seul jour de venir au pied de son autel célébrer ses louanges, et lui offrir le tribut de notre reconnaissance et de notre amour.

L’exemple des Saints qui ont tout été dévots de Marie

La dévotion à la Mère de Dieu a fait dans tous les siècles les délices des plus grands Saints. Nul d’entre eux qui ne l’ait chérie avec tendresse et invoquée avec une respectueuse confiance. On ne saurait dire tout ce que le zèle pour l’honneur de cette Vierge sainte leur a inspiré, tout ce qu’ils ont fait, tout ce qu’ils ont dit, tout ce qu’ils ont écrit pour célébrer sa gloire, pour étendre son culte dans tout l’univers, pour instituer des pratiques de piété, des ordres religieux, des sociétés saintes en son honneur ; pour multiplier le nombre de ses serviteurs fidèles, pour lui conquérir tous les cœurs. Que l’exemple de tant de Bienheureux qui se sont sanctifiés à l’aide de la dévotion à Marie, et par le secours de sa protection, nous engage à ranimer dans notre cœur les sentiments de respect, de confiance et d’amour que nous devons à cette bonne Mère.

Proposons-nous fortement de la servir pendant ce mois, le mieux que nous pourrons, et de lui rendre chaque jour nos hommages avec une sainte ferveur.

Les avantages de la dévotion envers Marie.

On l’a dit souvent, et on ne saurait trop le répéter : la dévotion à la très-Sainte-Vierge est, au sentiment des saints docteurs, la source des grâces les plus abondantes, un heureux présage de sainteté, et une des plus sûres marques de prédestination. Cette divine Mère ne cesse jamais de s’intéresser au salut de ceux qui l’invoquent, et de leur obtenir les secours qui leur sont nécessaires.

Le ciel et la terre périront plutôt, dit le dévot Louis de Blois, que jamais, elle manque à secourir celui qui l’implore sincèrement.

Et, saint Anselme ne fait pas difficulté d’assurer qu’un vrai serviteur de Marie ne peut périr. Si donc nous nous acquittons fidèlement des saintes pratiques qui nous sont proposées pendant ce mois, attendons-nous à recevoir de grandes faveurs de cette Souveraine pleine de bonté. Mais, n’oublions pas que le vrai moyen de nous attirer sa puissante protection, c’est de nous efforcer de marcher sur ses traces et d’imiter ses exemples.

Proposons-nous donc de passer ce mois si saintement, que notre vie soit une imitation fidèle de celle de cette admirable Mère, et prévoyons d’avance les vertus que nous voulons pratiquer pour lui plaire.

Prière.

Reine du ciel et de la terre, Marie, Mère de mon Dieu et ma Souveraine, tout indigne que je suis de paraitre en votre présence, je viens me prosterner à vos pieds pour vous offrir les prémices de ce bienheureux mois qui vous est consacré.

Ah ! ma très sainte et très aimable Mère, du haut du trône de votre gloire, ne dédaignez pas d’abaisser sur moi un de ces regards de bonté qui font la joie du paradis.

Faites retentir à mon cœur une de ces paroles de salut, dont la douceur ravissante fait tressaillir tous ceux qui les entendent. Très-miséricordieuse Marie, je suis le dernier de vos serviteurs, mais je veux être de ceux qui vous visiteront avec plus de fidélité et de persévérance pendant ce mois de bénédiction et de grâces.

Oui, ma divine Mère, je vous visiterai le plus souvent que je pourrai ; je viendrai tous les jours au pied de votre autel, vous bénir, vous prier, vous louer, vous témoigner mon amour.

J’ose espérer que votre cœur de mère, ce cœur si bon, si tendre, si compatissant, ne sera pas insensible à ce que je désire faire pour vous, que vous m’accorderez pendant ce mois, pendant toute ma vie, et surtout à l’heure de ma mort, le secours de votre toute-puissante protection.

Exemple

La Pénitence du désert.

Nous ne pouvons commencer ce mois de bénédiction par un exemple plus consolant que celui de sainte Marie d’Égypte. Il nous montre, dès les premiers siècles du christianisme, la confiance de l’Église en la Mère de Dieu, et la bonté de Marie pour les pauvres pécheurs. Voici en quels termes cette illustre pénitente raconta elle-même à un saint religieux, nommé Zozime, l’histoire de sa conversion :

Je devrais mourir de honte en vous disant ce que je suis. Le seul récit de ma vie vous causera tant d’horreur, que vous vous enfuirez devant moi comme à la vue d’un serpent. Je vous la raconterai cependant après vous avoir demandé le secours de vos prières, afin que Dieu me fasse miséricorde au jour du jugement.

Je suis née en Égypte. À l’âge de douze ans, je quittai mon père et ma mère, et me retirai malgré eux dans la ville d’Alexandrie, où je vécus dix-sept ans, plongée dans toutes sortes de crimes. Un jour d’été, ayant vu un grand nombre de personnes qui allaient à Jérusalem pour y célébrer l’Exaltation de la sainte Croix, je m’embarquai avec elles, et je me plongeai dans les plus affreux désordres durant le voyage.

Lorsque le jour de la fête fut arrivé, je me rendis avec les autres à l’église, où l’on exposait la croix du Sauveur à la vénération des Fidèles.

Mais, il me fut impossible d’y entrer, et lorsque je touchai le seuil, je me sentis repoussée par une force secrète et invincible. Cela m’étant arrivé trois ou quatre fois, je ne doutai pas que ce ne fût l’abomination de ma vie qui me fermât la porte du temple.

Cette réflexion me toucha et me fit fondre en larmes. Tandis que je me frappais la poitrine, en poussant de profonds soupirs, j’aperçus au-dessus de moi une image de la Mère de Dieu.

Alors m’adressant à elle, je la conjurai, par son incomparable pureté, d’avoir compassion d’une malheureuse pécheresse, et de faire agréer à Dieu mes gémissements et mon repentir.

Je la priai encore de m’obtenir la grâce d’entrer dans l’église pour y voir le bois sacré qui fut l’instrument de notre salut. Je promis en même temps de me consacrer au Seigneur par une vie pénitente, et je pris la Sainte-Vierge pour caution de la sincérité de ma promesse.

Ma prière finie, je sentis une grande consolation. M’étant ensuite présentée à la porte de l’église, j’y entrai sans peine et pénétrai même jusque dans le chœur. Là, j’eus le bonheur d’adorer cette croix précieuse qui a donné la vie aux hommes.

Frappée de l’incomparable miséricorde de Dieu, et de la bonté avec laquelle il reçoit les pécheurs à pénitence, je me prosternai contre terre, et j’arrosai le pavé de mes larmes.

Après quoi je sortis de l’église, et je retournai devant l’image de celle que j’avais prise pour garant de mes nouveaux engagements. Je me mis à genoux, et je lui dis. Très-miséricordieuse Mère de Dieu, vous m’avez bien fait voir les effets de votre bonté en exauçant ma prière, malgré mon indignité. Il est temps, Vierge sainte, que j’accomplisse, avec votre assistance, ce que je vous ai promis. Envoyez-moi où il vous plaira, soyez mon guide dans le chemin du salut et de la pénitence.

Alors, j’entendis une voix qui me dit : Si tu passes le Jourdain, tu trouveras le repos. Je pris ces paroles pour moi, et je m’écriai en pleurant et en regardant l’image : Vierge par qui le salut est arrivé aux hommes, ne m’abandonnez pas. À ces mots, je partis en grande hâte, et ayant acheté trois pains, je pris le chemin qui conduisait au Jourdain, et je marchai tout le reste du jour, en versant des torrents de larmes.

Arrivée à l’église de Saint-Jean-Baptiste, bâtie sur le bord du fleuve, j’eus le bonheur de recevoir le Corps de mon Sauveur. Ensuite, je passai le Jourdain, et m’étant recommandée à la Sainte Vierge, je m’enfonçai dans cette solitude, où je suis depuis quarante-sept ans.

Je tremble encore au souvenir des tentations que j’ai eues à soutenir. Durant dix-sept ans, je combattis contre mille désirs violents et une furieuse inclination pour le mal. Au milieu de ces assauts, je me mettais à pleurer et à me frapper la poitrine ; je me rappelais ma promesse solennelle, et l’image de la sainte Mère de Dieu, qui m’avait prise sous sa protection ; je la priais d’éloigner de moi ces pensées qui affligeaient mon âme.

Alors, je voyais une lumière resplendissante qui m’environnait de toutes parts, et mon esprit rentrait dans le calme. C’est ainsi que dans tous mes combats j’élevais sans cesse mon cœur vers cette Vierge sans tache, qui avait répondu pour moi ; et jamais, elle n’a manqué de m’assister1.

Pratique de Piété.

Adressons-nous avec confiance à Marie dès le commencement de ce bienheureux mois, et prions-la de nous obtenir le pardon de nos péchés.

Oraison Jaculatoire.

Quibus te laudibus efferam nescio2.
O Mère de Dieu ! je ne sais par quelles louanges célébrer vos grandeurs.


Articles connexes


Messe du Jour

3e Dimanche après Pâques.


Notes & Références

Nouveau MOIS DE MARIE, ou Le mois de mai consacré à la gloire de la Mère de Dieu, par un prêtre du diocèse de BELLEY, Paris, 1845, G. Martin, Libraire-Editeur.

  1. Vie des Pères du désert.
  2. (Orat. Eccl.)

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