samedi 27 avril 2024.
 

Voyage et séjour en Égypte

Parents de Jésus, souffrant pour Jésus, enseignez-moi patience et abandon.

Le voyage vers l’Égypte.

Il sera très profitable de faire une application des sens sur le voyage et sur le séjour en Égypte. Ce voyage pouvait alors demander huit à quinze jours, d’abord en pays habité, où l’hospitalité était presque assurée, puis dans le désert, où l’on devait passer la nuit, soit dans l’un de ces abris ou caravansérails plus ou moins rudimentaires, qui jalonnaient la piste des caravanes, soit à la belle étoile1.

Joseph, probablement, avait déjà un âne, ou s’en procura un pour donner une monture à Marie, qui tenait l’Enfant dans ses bras.

Contemplons les saints voyageurs, entendons leurs conversations espacées, leur manière de demander l’hospitalité, l’exquise expression de la reconnaissance. Voyons-les prier, réciter les Psaumes dans le désert, avant de se mettre en route.

Comme il s’applique à eux, en ce moment, ce psaume CVII qui célèbre la providence de Iahvé envers les affligés et les égarés, où il revient sans cesse comme un refrain :

Dans leur détresse, ils crièrent vers Iahvé, et il les délivra de leurs tribulations… Ils erraient dans le désert sans trouver une ville où habiter, en proie à la faim, à la soif…

Et clamaverunt ad Dominum cum tribularentur, et de necessitatibus eorum eripuit eos.

Imaginons aussi les sentiments de Joseph lorsque Marie lui donnait l’Enfant à porter.

Goûtons surtout l’infinie satisfaction procurée au Père céleste par leurs vertus.

En Égypte, Joseph et Marie doivent se mettre en quête d’un logis, trouver du travail, mendier parfois peut-être. C’est la pauvreté réelle, avec ses rudes caresses. Néanmoins, rien ne peut troubler leur paix et leur patience ; ils ne désirent pas la mort de leur persécuteur, et ne laissent entendre ni plaintes, ni récriminations.

Au lieu de rechercher anxieusement et inutilement combien de temps durera leur épreuve, ils s’abandonnent2, et lorsqu’ils songent à la douce maison de Nazareth et à tout ce qu’ils y ont laissé, ils disent sans doute avec Job :

Iahvé a donné, Iahvé a ôté, que le nom de Iahvé soit béni !

O Marie, ô Joseph, apprenez-moi à accueillir comme vous les « pénitences de Providence »3 et à en tirer tous les fruits de sanctification qu’elles comportent !

Massacre des Saints Innocents

Je réfléchirai sur le trouble d’Hérode, et remarquerai comment la paix est vraiment le privilège des cœurs humbles et purs. Je ferai pour cela appelle à ma propre expérience. S’il y a un moment de ma vie où mon ambition a été de plaire à Dieu plutôt qu’aux hommes, de travailler efficacement à son règne plutôt que de rechercher des succès personnels ; si j’ai mis une grande délicatesse dans mes rapports avec Notre-Seigneur, évitant tout ce qui pouvait attrister son Cœur et blesser son amitié, n’est-ce pas alors que j’ai joui d’une paix véritable, exquise, inconnue du monde ?

Hérode, craignant donc pour sa couronne, fait massacrer tous les enfants de Bethléem et des environs âgés de moins de deux ans.

Et, voilà d’une part, des mères désolées, désespérées…

— Ah ! Si elles connaissaient la gloire réservée à leurs enfants ! — et de l’autre une légion de petits martyrs qui gagnent la palme sans s’en douter, et que la Sainte Église honore d’un culte touchant, tout comme les Confesseurs et les Vierges qui ont porté le poids du jour et de la chaleur.

Oh mon Dieu, puis-je oublier qu’aujourd’hui encore d’autres Hérodes, tels des bêtes féroces4, ravagent votre Église, persécutent et massacrent ceux qui chantent vos louanges 5? Vengez le sang et les larmes de vos saints, en couvrant de confusion les ennemis de votre Église6, ou, ce qui convient mieux à votre miséricorde, en transformant leur cœur !

Pourquoi cette conduite de la part de Dieu ?

  • Pour bien montrer que toutes ses faveurs sont gratuites, qu’il les dispense comme bon lui plaît, et que, dans nos mérites, il couronne ses dons plus encore que notre libre coopération.
  • Parce que c’est une grande chose, aux yeux du Père, que d’être pris pour son Fils, que de souffrir pour son Fils, que de ressembler à son Fils, même sans en avoir conscience. Heureux quiconque souffre persécution pour la justice, il a en quelque sorte tiré une créance sur Dieu !

O bienheureux Innocents, vous qui devez tout, plus encore que d’autres s’il est possible, à la pure libéralité divine, vous que la piété se représente « jouant au paradis avec vos palmes et vos couronnes »7, obtenez-moi de comprendre quel insigne bonheur il y a à souffrir pour la cause de Dieu. Ah ! Si jamais la fascination de la bagatelle devait séduire mon âme, si la malice devait changer mon cœur8, alors je vous prie, demandez à la divine Sagesse de me rappeler à elle, plutôt que de me laisser tomber en graves désordres !

Après la mort d’Hérode, l’Ange du Seigneur apparu à Joseph durant son sommeil…

Et lui dit :

« Lève-toi, prends l’Enfant et sa mère, et retourne dans la terre d’Israël ; car ceux qui voulaient prendre l’Enfant sont morts. »

Voici donc l’épilogue.

Dieu s’est réservé de châtier lui-même Hérode, dévorer par la corruption, tombant en pourriture de son vivant9. Quant à Joseph, l’épreuve, l’avant-dernière grande épreuve de sa vie, est terminée. À Nazareth, ce ne sera sans doute pas la vie facile et confort, mais on ne connaîtra tout de même plus la gêne et la misère de ces derniers temps.

Observons en terminant avec Saint Jean Chrysostome comment la divine bonté « sait entremêler consolations et tristesses… tissant la vie des justes, avec une admirable variété, tantôt de peines, tantôt de joies, et ne permettant ni aux unes ni aux autres de se prolonger trop longtemps »10. Et, le saint qui devait lui-même mourir exilé, après d’étonnantes vicissitudes, rappelle le doute de Joseph et la visite de l’Ange, l’angoisse et le bonheur de Bethléem, les tribulations de l’exil et la bonne nouvelle qui le termine.

O Marie, ô Joseph, enseignez-moi à lasser toujours à Dieu et à mes Supérieurs la pleine disposition de ma vie ! O mon Père du ciel, qui restez très bon, même dans vos rigueurs apparentes, faites que, cherchant avant toutes choses votre royaume et sa justice, je ne m’abandonne sans réserve à votre conduite, méritant ainsi de ressentir tous les jours de ma vie les effets de votre paternelle protection !


Messe du jour

De la férie : Messe comme au dimanche précédent ou messe de la Mémoire.

mémoire de Sts Marius, Marthe, Audifax et Abachus, martyrs

mémoire de St-Canut, roi, martyr


Lectures pour nourrir vos méditations

  • “Imitation de Jésus-Christ”Livre III “De la vie intérieure”,

17. Qu’il faut remettre à Dieu le soi de ce qui nous regarde.

22. Du souvenir des bienfaits de Dieu. (particulièrement les points 1, 2 et 3)

35, Qu’on est toujours, durant cette vie, exposé à la tentation.

45,Qu’il ne faut pas croire tout le monde, et qu’il est difficile de garder une sage mesures dans ses paroles. (particulièrement les points 1, 2 et 3)

  • Foucauld : 212-213 ; 240-241.

Notes & Références

  1. Il faut laisser de côté comme « une œuvre de pure fantaisie » (Fouard), les prodiges de toutes sortes dont les apocryphes se plaisent à émailler le voyage de la Sainte Famille.
  2. « Plaisez vous à ce que vous faites ; soumettez-vous d’avance à ce que Dieu voudra, c’est le secret du bonheur » (L. Veuillot)
  3. « Les pénitences que nous choisissons de font point mourir notre amour-propre comme celle que Dieu nous distribue chaque jour ; celles-ci n’ont rien où notre volonté propre puisse s’appuyer ; et comme elles viennent immédiatement d’une Providence miséricordieuse, elles portent avec elles une grâce proportionnée à tous nos besoins » (Fénelon).
  4. Singularis ferus depastus est eam (Ps. LXXIX, 14)
  5. Les bienheureux petits martyrs noirs de l’Ouganda furent mis à mort « parce qu’ils priaient ».
  6. Ut imicos sanctæ Ecclesiæ humiliare digneris, te rogamus, audi nos (Litanies des Saints)
  7. 28 décembre, Hymne des Laudes.
  8. Sap., IV, 11, 12
  9. Cf. Fouard, I, p. 86.
  10. Ancien bréviaire, octave des SS Innocents

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