dimanche 28 avril 2024.

Ma coopération à l’œuvre apostolique : « Priez donc le Maître de la moisson… »

Seigneur, donnez-nous des prêtres, de saints prêtres !

La parabole

Jésus parcourait toutes les villes et les bourgades, enseignant dans les synagogues, prêchant l’Evangile du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité.

Or, en voyant cette multitude d’hommes, il fut ému de compassion pour eux, parce qu’ils étaient harassés et gisant à terre, comme des brebis sans pasteur. Alors, il dit à ses disciples : « La moisson est abondante, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson 1».

L’aide aux missions, devoir pour tous.

Videns turbas, misertus est2.

Le monde n’a pas changé : il y a toujours des brebis sans pasteur, et c’est par millions qu’on les compte.

Le Cœur du Christ non plus n’a pas changé. Il reste ému d’une immense compassion. Mais, comme le temps est passé de son apostolat personnel, Jésus suscite d’autres ouvriers qui tiendront sa place et parcourront le monde en disant :

Le royaume de Dieu est proche. »

Plus ils revêtiront la charité, le zèle et l’humilité de son Cœur, et plus grande sera la moisson, visible ou cachée, qui sera récoltée pour le ciel.

C’est aux seuls apôtres que le Sauveur donne mission de prêcher l’Evangile, mais c’est à tous ses disciples, sans distinction d’âge, de sexe ou de fortune, qu’il demande de prier pour que le règne de Dieu arrive et que le maître du monde envoie des ouvriers à sa moisson. Tous, sans exception, nous devons prendre part, directement ou indirectement, à la diffusion de l’Evangile et à l’œuvre des missions :

C’est pour tous les fidèles un devoir sacré, écrivait Benoît XV en 1919, d’aider les missions.

Nous le devons au Christ, qui est monté sur la croix pour nous racheter. Donnant, donnant. C’est bien la moindre des choses, quand on adore un Sauveur pauvre, anéanti et humilié, qu’on sache se priver et qu’on accorde quelque chose de son temps et de son superflu pour coopérer à la rédemption du monde.

Nous le devons à la sainte Église, qui adresse à notre zèle et à notre générosité les appels les plus émouvants.

Nous le devons aux infidèles et aux pécheurs, qui sont nos frères dans le Christ et auxquels notre charité doit s’étendre. Le païen peut resserrer son affection aux limites de sa famille et de son pays ; le chrétien n’en a pas le droit :

Dieu a fait une loi à chacun de s’intéresser à son semblable3.

Nous le devons enfin à notre âme elle-même : nous ne pouvons lui être plus utiles qu’en coopérant à l’apostolat, forme supérieure de la vertu de charité, laquelle, au témoignage de S. Pierre, couvre une multitude de péchés4.

« Très aimable Seigneur Jésus-Christ qui, au prix de votre précieux Sang, avez racheté le monde, jetez un regard de miséricorde sur cette pauvre humanité qui, en si grande partie, git encore plongée dans les ténèbres de l’erreur et à l’ombre de la mort, et faites tout entière resplendir sur elle la lumière de la Vérité.

« Multipliez, Seigneur, les apôtres de votre Évangile ; enflammez, fécondez, bénissez de votre grâce leur Zèle et leurs fatigues, afin que, par leur intermédiaire, tous les infidèles Vous connaissent et se convertissent à Vous, leur Créateur et leur Rédempteur »5.

Les chrétiens mariés et le sacerdoce.

Les pères et mères de famille qui n’ont ni temps ni argent pour les œuvres, ont-ils jamais réfléchi sérieusement, d’une part à tout ce qu’ils doivent au sacerdoce, de l’autre, à ce qu’ils peuvent faire pour donner à l’Église des missionnaires ?

Ont-ils songé que, s’ils ont à leur disposition, des prêtres toujours prêts à distribuer le pardon du Christ, la pensée du Christ et le Corps du Christ, pareil bienfait réclame d’eux une reconnaissance « réelle » au sens fort du mot ? C’est très bien de solliciter tous les mois l’absolution de ses péchés, d’écouter la parole de Dieu et de se faire apporter le saint Viatique en cas de maladie grave, mais ce n’est pas tout.

Après avoir reçu, il faut donner.

Et, comment cela ?

doit-on pousser au sacerdoce6 des enfants qui n’y ont aucun goût ? Il est trop évident que non. Ce qu’il faut, c’est d’abord être bien résolu à ne jamais refuser à Dieu ses enfants ; c’est ensuite et surtout — la chose devient rare, hélas ! — les éduquer de façon telle que, si Dieu les appelait, ils soient aptes à écouter sa voix. Les enfants gâtés, les jeunes gens égoïstes n’en sont pas capables. Il est donc nécessaire d’apprendre aux enfants à se vaincre, de les habituer au sacrifice, de développer dans leur cœur un amour généreux, qui ne se paie pas de mots. Or, et c’est là ce qu’il faut faire comprendre aux parents qui se plaignent du manque de prêtres, le grand moyen d’y arriver, celui sans lequel toutes les recommandations restent vaines, c’est de prêcher d’exemple7. Voilà pourquoi il y a si peu de vocations aujourd’hui : tels parents, tels enfants…

Trois moyens d’aider les apôtres.

Je rechercherai par quels moyens je puis aider ceux qui se dépensent dans les œuvres de zèle. Il y en a trois :

L’intérêt que je prends au travail apostolique.

S’il est réel, profond, il trouvera toujours le moyen de se traduire de façon effective et pratique. On peut beaucoup dès qu’on aime beaucoup.

La prière.

« Toute l’activité déployée par les ouvriers apostoliques resterait stérile si la grâce de Dieu ne venait la féconder… Cette grâce, il y a un moyen de l’obtenir : la prière humble et persévérante

S’il est une intention pour laquelle nos prières sont assurées, ou jamais, d’être exaucées, c’est bien celle des Missions… Tandis que les apôtres de l’Evangile se livrent à leur travail, les fidèles doivent les aider de leurs saintes prières. C’est pour leur permettre de bien remplir ce rôle qu’on a fondé l’œuvre de « l’Apostolat de la Prière » ; aussi, nous la recommandons vivement à tous les fidèles, sans exception, souhaitant que personne n’omette de s’y affilier »8.

Les aumônes.

Je fais œuvre d’apôtre en procurant à la sainte Église des apôtres, en aidant les écoles apostoliques et les séminaires indigènes, en subvenant, d’une manière ou de l’autre, aux besoins des missions.

En donnant de mon superflu pour les œuvres apostoliques, je renouvelle, selon la belle pensée de S. Augustin, le geste de Marie9 oignant les pieds de Jésus :

Si habes superflua, da pauperibus, et Domini pedes tersisti… Tibi superflua sunt, sed Domini pedibus necessaria… Forte in terra Domini pedes indigent »10.

Tu n’as pas besoin de ce superflu, mais les pieds de Jésus, c’est-à-dire les indigents — soit qu’ils manquent de pain matériel, soit qu’ils attendent ce pain qu’est la parole divine — en ont peut-être le plus pressant besoin… Donne donc, et tu auras honoré les pieds de Jésus.

Répétition.

Nous utiliserons avec fruit, pour répéter cette méditation, la messe votive de la Propagation de la foi, dont l’Evangile est celui que nous venons de rapporter.

Les textes dont elle est composée sont autant d’invocations ardentes qui stimuleront notre prière apostolique.

Goûtons en particulier l’épitre, qui fait demander à Dieu de renouveler parmi les nations infidèles les miracles qui accréditeront les missionnaires, et de faire en sorte que

ceux qui parlent en son nom soient trouvés véridiques.

N’oublions pas que le premier des miracles, le plus apologétique et le plus convaincant, c’est la sainteté de notre vie.

Introït.

Que Dieu ait pitié de nous et qu’il nous bénisse ! Qu’il fasse briller sur nous son visage et qu’il ait pitié de nous, afin qu’on connaisse vos voies sur la terre, votre salut dans toutes les nations ! Que les peuples vous glorifier, ô Dieu, que tous les peuples vous glorifient ! Gloire au Père…

Collecte.

O Dieu, qui voulez que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, envoyez, nous vous en supplions, des ouvriers à votre moisson et accordez-leur (le don) d’annoncer votre parole avec toute la persuasion (possible), en sorte qu’elle se propage rapidement et soit glorifiée, et que toutes les nations vous reconnaissent pour le seul vrai Dieu, Vous et celui que vous avez envoyé, votre Fils Notre-Seigneur. Qui vit…

Epître11.

Ayez pitié de nous, Dieu de l’univers, regardez-nous et montrez-nous la lumière de vos miséricordes. Répandez votre terreur sur les nations qui ne vous cherchent point, afin qu’elles sachent qu’il n’y a de Dieu que vous seul, et qu’elles publient vos merveilles. Levez votre main sur les peuples étrangers, afin qu’ils voient votre puissance. De même que vous avez montré devant eux votre sainteté en nous punissant, ainsi faites paraître votre grandeur à nos yeux en les châtiant, et qu’ils apprennent, comme nous l’avons appris nous-mêmes, qu’il n’y a point d’autre Dieu que vous, Seigneur.

Renouvelez les prodiges, reproduisez les merveilles. Glorifiez votre main et votre bras droit, excitez votre fureur, et répandez votre colère ; détruisez l’adversaire et anéantissez l’ennemi. Pressez le temps, hâtez la fin, et qu’on célèbre vos merveilles. Rendez témoignage à ceux qui sont vos créatures dès le commencement, et accomplissez les promesses faites en votre nom. Récompensez ceux qui espèrent en vous et que vos prophètes soient trouvés véridiques. Exaucez, Seigneur, la prière de ceux qui vous implorent, selon la bénédiction d’Aaron sur votre peuple, et conduisez-nous dans la voie de la justice, et que tous les habitants de la terre reconnaissent que vous êtes le Dieu qui embrasse les siècles du regard.

Graduel.

Que les peuples vous louent, ô Dieu, qu’ils vous louent tous ! La terre a donné son fruit. Que Dieu, notre Dieu, nous bénisse et que tous les confins de la terre le révèrent.

Alleluia, alleluia. Acclamez Dieu, toute la terre, servez le Seigneur avec joie, venez en sa présence avec allégresse.

Evangile selon saint Matthieu

Jésus parcourait toutes les villes et les bourgades, enseignant dans les synagogues, prêchant l’Evangile du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité.

Or, en voyant cette multitude d’hommes, il fut ému de compassion pour eux, parce qu’ils étaient harassés et gisant à terre, comme des brebis sans pasteur. Alors, il dit à ses disciples : « La moisson est abondante, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson 12».

Offertoire.

Rendez au Seigneur, familles des peuples, rendez au Seigneur honneur et gloire ; rendez à Dieu la gloire due à son nom. Apportez les offrandes et venez dans ses parvis ; adorez-le dans ses saints parvis.

Secrète.

Voyez, ô Dieu notre protecteur, et considérez-la face de votre Christ, qui s’est donné lui-même en rédemption pour tous, et faites que, du lever du soleil à son couchant, votre nom soit glorifié parmi les nations, et qu’en tout lieu le Sacrifice, l’oblation pure, soit offert à votre nom. Par le même…

Communion.

Nations, louez toutes le Seigneur ; peuples, louez-le tous : car sa miséricorde s’est signalée sur nous, et la vérité du Seigneur subsiste à jamais.

Postcommunion.

Fortifiés par le don de notre rédemption, nous vous demandons, Seigneur, que par ce secours du salut éternel, la vraie foi se propage sans cesse. Par Notre-Seigneur…


Lectures pour nourrir vos méditations :


Notes & Références

Sujet d’Oraison pour tous les jours de l’année, Tome III, « Temps après la Pentecôte » — Vie Publique de Jésus — Enseignements et Miracles, P. J.-B. Gossellin, S.J., 2ᵉ édition revue et augmentée, Apostolat de a prière, Toulouse, 1940, p.141-149.

  1. Matt. IX, 35-38
  2.  « Quand il vu les multitudes, il eu de la compassion. » (Matt. 9, 36)
  3. « Et il a donné à chacun d’eux des ordres au sujets de son prochain. » Ecclésiastique XVII, 12
  4. « Mais surtout ayez un ardent amour les uns pour les autres ; car l’amour couvre une multitude de péchés. » I Pierre IV, 8
  5. Prière de S. S. Pie XI pour les Missions.
  6. Tout ceci s’applique également, mutatis mutandis, aux mères par rapport à leurs filles. Si elles ont reçu le bienfait d’une éducation profondément chrétienne, elles le doivent bien souvent à des religieuses enseignantes, et — il ne faut pas l’oublier — aux parents de ces religieuses qui ont donné leur fille à Dieu. Tous, tant que nous sommes, nous vivons, au surnaturel, des sacrifices d’autrui. C’est là un aspect de la Communion des saints qu’il ne faut jamais oublier. « Les exemples des morts généreuses de Lacédémoniens, a écrit Pascal, ne nous touchent guère. Car qu’est-ce que cela nous apporte ? Mais l’exemple de la mort des martyrs nous touche ; car ce sont « nos membres » (Rom., XII, 5). Nous avons un lien commun avec eux : leur résolution peut former la nôtre, non seulement par l’exemple, mais parce qu’elle a peut-être mérité la nôtre. »
  7. Jadis, en temps de guerre, on confiait la défense du territoire à des armées de métier. Les bourgeois se contentaient de payer, et leur sécurité était assurée.
    Aujourd’hui l’idée du service militaire personnel et obligatoire est entrée dans les esprits. On a compris que le sang et l’argent ne sont pas de même valeur, que l’un ne doit pas s’acheter avec l’autre.
    Il doit se passer quelque chose d’analogue pour le recrutement du sacerdoce, élite nécessaire à la défense, au maintien et au développement du christianisme. Tous les pères et mères de famille doivent comprendre qu’ils ont un « service personnel » à accomplir, celui que nous venons d’indiquer. Qu’ils aiment assez Dieu pour respecter les lois du mariage, qu’ils sachent faire spontanément des sacrifices, et leurs enfants suivront tout naturellement leurs exemples. C’est dans les familles nombreuses, où l’on sait se gêner et se priver, que la grâce trouve le plus souvent des cœurs généreux, capables de répondre à l’appel divin.
    N.B. : Ceci est un texte datant d’une époque ou le Service Militaire en France été obligatoire.
  8. Benoît XV, Lettre Lettre apostolique Maximum illud (novembre 1919) sur la propagation de la foi à travers le monde.
    L’acte essentiel de cet apostolat sera l’offrande de notre journée au Sacré Cœur de Jésus, pour réaliser ses intentions, ce qui entraîne naturellement la volonté de rendre cette journée agréable à Dieu.
  9. L’onction de Marie-Madeleine : Jn 12, 1-11
  10. (Tract. 50 in Joannem)
  11. Ecclésiastique XXXVI, 1-10, 17-19.
  12. Matt. IX.

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