samedi 27 avril 2024.
 

De la Toute-Puissance de Dieu

Ô Dieu qui l’emportera sur tous en puissance, exaucez la prière de ceux qui n’ont d’autre espoir que vous 1!

Foi, confiance en la puissance divine2.

« Je crois en Dieu le Père tout-puissant ».

Je commencerai mon oraison en ranimant ma foi avec toute la ferveur possible.

Bien que ce soit au Père qu'on attribue principalement la puissance, au Fils la sagesse, et à l'Esprit-Saint la bonté, 
je me souviendrai que chacune des trois Personnes possède la plénitude de ces perfections.

J'honorerai chacun de ces attributs par une vertu théologale, 
m'efforçant de répondre à la sagesse par la foi, à la bonté par la charité, à la toute-puissance par une confiance sans bornes.

« Dieu tout-puissant et éternel. »

Que de fois la liturgie met ces paroles sur mes lèvres ! Mais, sont-elles aussi dans mon cœur ? expriment-elles une conviction vraie, profonde, constante, éclairée ?

« Dieu tout-puissant… »

Ce n’est pas un vain mot que je prononce là, une parole en l’air, c’est l’expression de ma foi profonde. Je devrais être prêt à mourir pour défendre la toute-puissance de Dieu comme je suis prêt à verser mon sang pour affirmer le dogme de la Trinité ou celui de la présence réelle.

Quand je proclame ainsi la puissance infinie du Créateur,

  • j’affirme qu’il gouverne le monde, fortement et suavement, tout en respectant la liberté des créatures ;
  • j’affirme qu’il peut, s’il le juge à propos, faire cesser les persécutions et rendre la paix à son Église ;
  • j’affirme qu’il se joue des difficultés, morales, économiques ou politiques ;
  • j’affirme qu’il reste le maître des lois physiques et qu’il peut renouveler les miracles du Christ en faveur de qui il lui plaît ;
  • j’affirme enfin qu’il a une infinité de moyens pour éclairer les âmes, pour les fortifier et pour se les unir par la charité.
Mon Dieu, mon Père, 
je crois que vous êtes tout-puissant, 
et je crois que la prière, 
quand elle est humble et confiante, 
met votre puissance à mon service. 

Je crois, Seigneur  ; 
venez en aide à l'insuffisance de ma foi...

Prérogatives de la puissance divine.

Tout ce que veut lahvé, il le fait3

Tout ce qui est possible, tout ce qui n’implique pas de contradiction, dans l’ordre de la grâce comme dans l’ordre de la nature, la puissance de Dieu peut le réaliser.

Si je veux concevoir un sentiment très vif de cette puissance, je n’ai qu’à contempler le firmament, qui raconte la gloire de Dieu. La simple vue des étoiles, l’idée de ces mondes plus grands que le nôtre et des espaces prodigieux que traverse leur lumière remplit l’âme d’admiration pour le créateur.

Cette puissance atteint et transforme les êtres déjà créés. Elle modifie les corps et elle change à volonté les dispositions des âmes : le cœur des rois (eux-mêmes) est dans la main de Dieu, dit l’Ecriture4.

Rien n’échappe à son domaine :

— notre liberté, si inviolable que Dieu l’ait faite, reste à la merci de sa toute-puissance. Dieu, sans doute, n’est pas obligé d’augmenter sa grâce à mesure que nous résistons, et ne le fait pas toujours ; mais lorsqu’il veut convertir un pécheur, rien ne peut lui faire obstacle. Le jour est-il venu où il a résolu de changer en apôtre un persécuteur avide du sang chrétien, quelques instants lui suffisent : il découvre à Saul, aux portes de Damas, un rayon de sa gloire, et voilà ce loup transformé en agneau.

Lorsqu’il s’agit de fonder l’Église et de lui donner des colonnes vivantes et inébranlables,

— Dieu choisit douze pauvres pêcheurs de Galilée. Pourquoi ?

  • Pour confondre la suffisance des hommes et faire éclater sa puissance, seule capable de se servir de ce qui n’est rien pour réduire au néant ce qui est ;
  • pour ne pas anéantir la vertu de la croix du Christ ;
  • pour que notre foi repose non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.5

Quelle confiance ces vérités ne doivent-elles pas m’inspirer ! Je ne suis rien, je ne puis rien : tant mieux ! Raison de plus, pour moi, de croire que je puis tout, mais en celui qui est ma force6, raison de plus, pour Dieu, de se servir de moi pour de grandes choses. Des hommes qui se défient totalement d’eux-mêmes et qui se confient totalement en lui, il ne cherche que cela.

Je considérerai comment la puissance divine a réalisé, réalise et réalisera tout ce que Dieu a promis, si invraisemblable et difficile qu'en paraisse l'objet ; 
car le ciel et la terre passeront, mais la parole divine ne passera pas. 

C'est un bel hommage à rendre à Dieu que de ne douter aucunement de ses promesses.
O mon âme, 
tâche d'avoir pour ami 
celui qui peut promettre tout ce qu'il veut 
et qui tient toujours ses promesses. 
Contracte amitié avec Dieu 
et tu deviendras toute-puissante, 
puisque c’est la loi de l’amitié que 
« tout ce que peuvent nos amis, nous le pouvons ».

C’est le manque de confiance, plus que nos péchés, qui entrave la toute-puissance de Dieu.

Autre fruit de la méditation présente : je dois me dire que le fait d’avoir offensé Dieu ne constitue jamais, pour celui qui désire sincèrement l’aimer, un obstacle insurmontable. Mes péchés, si grands soient-ils, ne sont en réalité qu’une goutte d’eau en comparaison d’un volcan. Ma misère est nécessairement limitée, la toute-puissance et la miséricorde divines n’ont pas de bornes. Que de fois Dieu s’est plu à le manifester en appelant de grands pécheurs à une haute sainteté ! Il n’a même pas besoin pour cette œuvre d’amour d’un temps considérable. La toute-puissance, au service de l’infinie sagesse, est capable de tout.

Personne n’a mieux saisi cette vérité que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « On pourrait croire, déclarait-elle trois mois avant de mourir, que c’est parce que j’ai été préservée du péché mortel que j’ai une confiance si grande dans le bon Dieu. Dites bien, ma Mère, que, si j’avais commis tous les crimes possibles, j’aurais toujours la même confiance, je sentirais que cette multitude d’offenses serait comme une goutte d’eau jetée dans un brasier ardent. Vous raconterez ensuite l’histoire de la pécheresse convertie… Touchée par la grâce, elle (partit) au désert pour y faire pénitence, quand, la première nuit du voyage,… ses liens mortels furent brisés, par l’impétuosité de son repentir plein d’amour, et le solitaire (qui l’avait convertie) vit au même instant son âme portée par les anges dans le sein de Dieu. Voilà un exemple bien frappant de ce que je voudrais dire, mais ces choses ne peuvent s’exprimer… »7.

Dieu met sa toute-puissance à mon service8.

La création est un chef-d’œuvre de la puissance divine. Or la conservation par Dieu de mon corps avec ses sens, de mon âme avec ses facultés, n’est autre chose qu’une création continuée.

Dieu nous garde et nous assiste incessamment :

— il n’est aucune de nos œuvres qu’il n’opère avec nous et plus que nous ; et s’il s’agit d’une action surnaturelle, notre besoin de Dieu est encore plus grand, son assistance plus profonde et plus intime :

Sans moi, dit Jésus, vous ne pouvez rien faire.

Il n’a pas dit « peu », observe saint Augustin, il a dit : « rien ».

Je considérerai en outre comment il est vrai d'affirmer que la prière met à mon service l'activité divine, que l'humilité contraint Dieu en quelque sorte à m'assister, que la confiance, enfin, m'unit à lui et me communique9 d'une certaine manière son privilège: 

Ce qui éclaire le mieux la toute-puissance du Verbe, a déclaré saint Bernard, c’est qu’il rend tout-puissants ceux qui espèrent en lui »10.

O Puissance que l'on doit respecter, prier et adorer dans un religieux silence ! 

Puissance de Dieu, roi des siècles, qui pouvez par vous-même tout ce que peuvent les créatures ; de qui viennent toute puissance, toute force, toute énergie en toutes choses ; qui d'un mot avez tiré tout de rien, qui conservez tout et tenez le monde suspendu à votre main, afin que les êtres ne retombent pas dans leur néant, je vous adore et je vous glorifie, je vous admire et je place en vous mon espérance. 

Vous pouvez réaliser, ô grand Dieu, non seulement tous les projets des hommes et des anges, mais bien plus : ce que votre sagesse elle-même peut inventer. Votre puissance égale votre sagesse. Elles se répondent et atteignent aussi loin l'une que l'autre, puisque l'infini est leur commune mesure11.

Vous ne dominez pas moins les choses simplement possibles, que celles qui existent déjà. Dissimulées dans les trésors de votre sagesse et de votre puissance, à votre moindre signe, elles sortiront joyeuses et diront : Nous voici ! Vous n’avez besoin, ô grand Dieu, ni de mes services, ni de mes louanges : votre parole peut faire surgir de la pierre des enfants d'Abraham qui vous serviraient et vous adoreraient incomparablement mieux que moi.

Daignez inspirer à mon âme une très profonde révérence et une véritable humilité par la considération de votre si grande puissance. Mais, qu'elle m'inspire aussi une confiance sans bornes en votre assistance. Un regard de votre face, une parole de votre bouche, et je suis une créature nouvelle !

Qu'elle me donne encore cette adorable perfection, la paix et la sécurité, en sorte que je ne redoute rien tant au monde que de pécher, et que nulle créature ne puisse me séparer jamais de votre amour. Je suis la faiblesse même, mais vous êtes le Dieu fort, et je sais que « je ne manquerai de secours que lorsque vous manquerez de puissance ».

Messe du Jour

de la Férie. (Messe comme au dimanche précédent ou messe de la Mémoire)

mémoire de saint Blaise, évêque et martyre et Bénédiction de saint Blaise.


Lectures pour nourrir vos méditations

  • Imitation de Jésus-Christ, Livre III, De la vie intérieure

8. Qu’il faut s’anéantir soit-même devant Dieu.

55. De la corruption de la nature, et de l’efficace de la grâce


Notes & Références

Sujet d’Oraison pour tous les jours de l’année, Tome I, Conseils pratiques pour l’oraison — La Très Sainte Trinité — Les perfections divines — La Grâce — Les fins dernières, P. J.-B. Gossellin, S.J., 2ᵉ édition revue et augmentée, Apostolat de a prière, Toulouse, 1938, p. 159-165.

  1. Esther XVI, 19.
  2. “Imitation de Jésus-Christ”Livre III “De la vie intérieure”, 55. De la corruption de la nature, et de l’efficace de la grâce divine (particulièrement le point 4)
  3. Ps. CXXXV, 6
  4. Prov.XXI, 1
  5. I Cor. I, 28, 17 ; I Cor. II, 5
  6. Phil. IV,13
  7. Novissima Verba, pp. 61-62
  8. “Imitation de Jésus-Christ”Livre III “De la vie intérieure”, 8. Qu’il faut s’anéantir soit-mème devant Dieu (particulièrement le point 1)
  9. « Tout est possible à celui qui croit » (Marc IX, 22)
    « Si vous avez la foi comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne : passe d’ici là, et elle passera, et rien ne vous sera impossible. » (Matt. XVII, 19)
  10. Migne, P.L. 183, 1190.
  11. Voir Lessius, Noms divins, ch. V.

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