dimanche 28 avril 2024.
 

Recueil d’exemples : Sacrifice généreusement récompensé.

Un verre d’eau froide donné au nom de Jésus-Christ ne sera pas sans récompense ; c’est lui-même qui nous l’assure dans son Évangile. L’expérience a prouvé qu’une légère mortification, un petit sacrifice offerts à la très-Sainte Vierge, n’ont jamais perdu leur salaire, et qu’ils ont même été payés plus d’une fois par les faveurs les plus signalées. En voici une preuve :

Un jeune homme était dans une barque, avec un bon religieux et d’autres passagers, pour faire un court trajet aux environs de Gênes. Le jeune homme tenait dans ses mains un de ces livres licencieux qui ne sont que trop communs dans notre malheureux siècle. Il le lisait de temps en temps, et disait tout haut à la compagnie, par une espèce de bravade :

Voilà un livre charmant, plein d’esprit ; j’en fais mes délices, je voudrais le savoir par cœur ; je ne le donnerais pas pour un trésor. Puis s’adressant au religieux : Mon père, lui dit-il, auriez-vous la curiosité de le voir ? Vous serez bientôt convaincu que je ne vous en impose pas.

Le religieux prit le livre ; il n’en eut pas plus tôt lu quelques lignes, qu’il reconnut la nature de l’ouvrage, il le referma et le rendit incontinent à son maitre, en lui disant qu’il était étonnant qu’on pût faire ses délices de productions aussi dégoûtantes. Cette réponse déconcerta le jeune homme, qui fut tout honteux de son imprudence. Le religieux s’aperçut de son embarras, mais il se garda bien de vouloir en profiter pour l’humilier davantage.

Au contraire, il chercha à gagner sa confiance par ses manières douces et engageantes ; et comme il était aussi pieux que savant, il fit tomber la conversation sur quelques sujets de religion. Il commença à louer les charmes de la vertu, et il s’attacha surtout à peindre le bonheur d’un cœur pur et innocent. Il le fit avec tant d’onction et de force, que notre jeune homme, qui avait reçu une éducation très chrétienne, et qui n’avait pas perdu la foi, ne put s’empêcher de laisser échapper quelques soupirs. Le pieux ecclésiastique ne fit pas semblant de remarquer l’effet de ses discours ; mais, continuant sur le même ton, il déplora les écarts et le malheur des jeunes gens qui se laissent entrainer au torrent du vice.

Oh ! le sot marché, s’écria-t-il, que celui où un chrétien livre son âme au démon ! Il donne tout et ne reçoit rien. Je me trompe, ajouta-t-il ; il reçoit comme un gage de l’enfer ; approchant de l’état d’un réprouvé que celui d’une âme livrée à la tyrannie de ses passions ? Ah ! si du moins, elle recourait alors à la Sainte-Vierge…

Hélas, reprit le jeune homme en soupirant, je l’aimais tant autrefois ! Dans le collège où j’ai fait mes études, on m’avait recommandé d’être fidèle à son culte ; j’avais même pendant quelque temps porté ses livrées ; mais j’ai tout quitté ; j’ai même rougi de lui appartenir : puis-je encore espérer de recouvrer ses bonnes grâces ?

Oui, mon enfant, lui répondit le religieux, et il vous en coûtera très peu pour les obtenir. Où est ce livre dont vous faisiez tout-à-l’heure un si magnifique éloge ?

Ah ! mon père, n’en parlons plus.

Au contraire, il faut en parler : si vous désirez, dites-vous, de regagner l’amitié de Marie ; eh bien ! faites-lui le sacrifice de ce livre si cher à votre cœur.

M’assurez-vous que cela lui sera agréable, qu’elle redeviendra encore ma mère ?

Oui, mon enfant, je vous en donne l’assurance…

Il ne délibère pas davantage : Tenez, le voici…, et à l’instant, il le jette dans la mer.

Ah ! que Marie sait payer généreusement ce que l’on fait pour elle ! Ce sacrifice si léger, et si peu digne par lui-même d’être compté pour quelque chose, fut pour ce jeune homme une source de faveurs célestes, qui lui procurèrent, après une vie toute sainte, une mort de prédestiné ; car de retour dans sa patrie, il changea entièrement de vie.

Désabusé du monde et de ses faux plaisirs, il abandonna ses biens à sa famille, et entra dans un ordre religieux, dont il fit jusqu’à la fin de sa vie l’ornement et l’édification.

Pour vous, fidèles serviteurs de Marie, on ne vous propose pas de lui faire le sacrifice de quelques mauvais livres ; vous avez sans doute pour ces sortes d’objets toute l’horreur qu’ils méritent. Mais, voyez ce que vous pouvez faire pour lui plaire, et quel sacrifice vous voulez lui offrir pendant ce mois, pour mériter le secours de sa puissante protection1.


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Notes & Références

 « Recueil d’exemples d’une tendre et sincère piété envers la Mère de Dieu » Nouveau MOIS DE MARIE, ou Le mois de mai consacré à la gloire de la Mère de Dieu, par un prêtre du diocèse de BELLEY, Paris, 1845, G. Martin, Libraire-Editeur.

  1. Mois de Marie, par le P. Debussi.

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