Seigneur Jésus-Christ, notre médiateur auprès du Père, qui avait établi la très Sainte Vierge, votre Mère, notre Mère à nous aussi, et notre médiatrice auprès de vous ; faites que quiconque sera venu vers vous implorer vos faveurs, se réjouisse de les obtenir toutes par Marie !1
Primauté : Absolue en Jésus, relative en Marie.
Jésus, unique Médiateur et Rédempteur — Marie associée à la Rédemption et à toute effusion de grâces.
Jésus-Christ est Roi : à lui revient le droit de la primauté en toutes choses, comme aussi la fonction d’unir et de rapporter directement à Dieu la création tout entière, dont il constitue, dans sa nature humaine, l’échelon suprême et le couronnement. Le Verbe Incarné, aîné de toute créature2, seul Médiateur au sens plénier du mot, donnera donc le monde à Dieu et Dieu au monde ; mais pour cela le plan divin est qu’il se serve de Marie, Reine de son royaume et Médiatrice de toute grâce.
Voilà pourquoi l’Église, dans sa Liturgie, n’hésite pas à appliquer à la Très Sainte Vierge les magnifiques versets du Livre des Proverbes, qu’ils furent littéralement écrits de Jésus. Cela eût été impossible si Dieu, dans son plan, ne les avait tous deux merveilleusement associés :
Iahvé m’a produite, en tête de sa voie,
Avant ses ouvrages, dès l’origine.
Dès l’éternité j’ai reçu l’onction,
Dès le principe, avant que n’existât la terre…
Avant que les montagnes fussent établies,
Avant les collines, je suis née…
Quand il affermissait les cieux, j’étais là…,
Quand il établissait les nuées en haut,
Quand il fixait ses bornes à la mer…
Quand il constituait les fondements de la terre,
Moi, ouvrière, j’étais à ses côtés ;
Et, j’étais ses délices chaque jour,
Me jouant devant sa face en tout temps…
Et mes délices sont avec les fils de l’homme,
Maintenant donc, mes fils, écoutez-moi ;
Et, bienheureux ceux qui gardent mes voies !…
Car qui me trouve, trouve la vie :
Il obtiendra la faveur de Iahvé !3
Jésus, nouvel Adam, et la voie, la vérité et la vie ; personne ne peut aller au Père que par lui ; il demeure à jamais le Médiateur unique, universel, hors duquel il n’est point de salut. Rédempteur parfait, il nous conciliera sur la Croix avec son Père, il nous restituera son amitié est le titre d’enfant adoptif.
Mère des vivants, à l’égal d’Eve, mais d’une façon bien plus haute, Marie se tiendra sans cesse auprès du nouvel Adam : son fiat l’a donné à la terre, son sein l’a nourri pour le monde, sa maternelle intervention continuera à le faire croître dans les âmes jusqu’à ce que le nombre des élus soit complet. Saint-Bernard, en est un de ces mots dont il est le secret, a résumé le rôle de Marie dans la distribution de la grâce :
Dieu, voulant racheter le genre humain, résolut de placer tout le prix de la Rédemption entre les mains de Marie.
Marie est mère surnaturellement et corporellement.
« Surnaturellement (Mater spiritu), dit saint Augustin, Marie est mère, non du Chef, le Sauveur (Jésus), mais de nous autres, qui sommes ses membres ; elle est mère parce que, en vertu de sa charité, elle a coopéré à la naissance des fidèles dans la (sainte) Église. En ce qui concerne le corps, elle n’est mère que du Chef »4.
Je ferai ici un colloque avec l’apôtre Saint-Jean, ou tout autre Saint qui se distingue par une dévotion particulière envers la vierge, et lui demanderai avec insistance de m’obtenir pareille faveur.
Amour du Créateur pour la nature humaine du Christ et pour Marie.
— Son expression dans les Livres Inspirés ; Le symbole des épousailles
Dieu a aimé l’humanité d’un violent amour. Ne trouvant pas, pour le faire connaître, d’image plus expressive, il s’est comparé à l’époux épris de celle qu’il s’est choisi, et nombreux sont les passages des Écritures où Iahvé donne le titre d’épouse à Israël, son peuple élu. Mais, il est en un, parmi les Livres inspirés, où l’Esprit-Saint célèbre en termes passionnés l’amour réciproque de Dieu et de l’humanité : c’est le Cantique des Cantiques5.
Aussi la Liturgie de l’Église, y recourt-elle, fréquemment, pour nous faire comprendre les sentiments de Dieu envers nos âmes, comme les élans passionnés des cœurs fervents ; mais surtout pour décrire la vie intérieure de la Très Sainte Vierge, les relations toutes intimes et brûlantes d’amour entre Marie et son Créateur.
Au sens littéral, le Cantique chante d’une façon très générale l’amour de Dieu pour l’humanité, épousée par le Verbe dans l’Incarnation ; il vise donc, avant tout, la nature humaine de Jésus-Christ, partie la plus importante de l’humanité ; il vise encore d’une façon qui n’est ni accommodatrice, ni mystique, mais parfaitement littérale, tout le reste de l’humanité, toutes les âmes qui en sont les parties secondaires, mais intégrantes, et parmi lesquelles Marie tient une place privilégiée.
Voilà pourquoi ce livre inspiré reste par excellence le cantique de l’union de Dieu avec Marie6 ; il s’applique à la Vierge moins qu’à Jésus-Christ, mais beaucoup plus qu’à n’importe quel autre créature7.
Marie, en effet, mérite à triple titre le nom d’Épouse du Seigneur : si chacune des âmes saintes est l’épouse de Dieu, a fortiori la plus sainte de toutes, pleine de grâce et de bénédiction ; si l’Église entière peut revendiquer le privilège d’être l’Épouse du Christ, que dire de Marie, Reine de l’église ?
Enfin, la Sainte Vierge n’est-elle pas unie à Dieu par un lien unique en son genre, puisque le Verbe, voulant se donner aux âmes et à l’Église, est venu d’abord prendre chair dans son sein et se donner à elle d’une manière admirable entre toutes ?
Ô Mère de Dieu,
dont les délices sont d’être avec les enfants des hommes,
attirez-moi à vous, et faites que mon bonheur
soit de vous fréquenter, de vous invoquer, de redire vos louanges !
Ô Vous qu’on ne peut trouver sans trouver en même temps la vie,
donnez à mon âme de s’épanouir dans la vraie vie,
qui est de connaître et d’aimer Jésus !
Ô Marie, ma Mère à jamais,
je vous confie mon âme, mon esprit et mon cœur ;
obtenez-moi la connaissance intime de votre divin Fils,
dont je vais étudier les mystères ;
faites de moi l’instrument qu’il faut au bon Dieu…
Donnez-moi un esprit pénétrant pour découvrir,
ferme pour juger,
large pour comprendre,
libre pour s’asservir au seul vrai (Dieu),
loyal pour voir, non ce qui lui plaît, mais ce qui est ;
discret pour n’imposer jamais sa manière de voir,
mais clair pour exposer ce qui est ;
altéré enfin de la vérité, de la vérité substantielle qui est le Verbe bien-aimé,
et fidèle à patienter dans la foi en attendant l’éternelle et délicieuse vision !8
Pour nourrir vos méditations…
- Dons et privilèges de l’humanité sacrée de Jésus-Christ
- Cantique des Cantiques, note A
- Cantique des Cantiques, note B
- Des sentiments de la Très Sainte Trinité et de l’humanité sacrée du Christ
- Messe de la Bienheureuse Vierge Marie, médiatrice universelle (31 mai)
Notes & Références
Sujet d’Oraison pour tous les jours de l’année, Tome II, De l’Avent au Carême” Notre-Dame — L’Incarnation — L’Enfance de Jésus, P. J.-B. Gossellin, S.J., 2ᵉ édition revue et augmentée, Apostolat de a prière, Toulouse, 1937, p. 116-121.
- Oraison de l’Office de Marie « Médiatrice de toutes les grâces » (31 mai). La fête et concédée aux diocèses qui en font la demande. Cette oraison marque bien le caractère de la médiation de Marie, médiation universelle, mais subordonnée à celle du Christ, dont la vertu rédemptrice fut d’abord appliquer éminemment à Marie elle-même et appuie nécessairement toute requête de la Vierge. ↩
- Col. I, 15-19 ↩
- Qui me invenerit inveniet vitam,
Et hauriet salutem a Domino.
Épître de la Messe de l’Immaculée-Conception (Prov. VIII, 32-36). La traduction est celle du P. R.M. De La Broise : La Sainte Vierge, p. 4. (Le coffre, 1906) ↩ - De sancta virginitate, c. 6. ↩
- Cantique des Cantiques , Note A (Tome II) p. 330 ↩
- Cf. De La Broise, p.17 ↩
- « Ô ma Reine, n’est-ce pas de vous qu’on peut apprendre parfaitement ce qui se passe entre Dieu et l’Epouse, selon ce qu‘elle dit dans les Cantiques ? »
(Ste Thérèse, Pensées sur l’amour de Dieu, ch. 6). ↩ - D’après le Journal Spirituel du P. Alexi Harrison, p. 1010. ↩
