jeudi 25 avril 2024.
 

Siméon et Anne rencontrent Jésus. Souffrance de Marie.

Je le crois, ô mon Dieu, « plus vous voulez vous donner, et plus vous faites désirer ».1

Enflammez mon cœur de désirs célestes !2

Vertus de Siméon.

Ses grands désirs.

Or, il y avait dans Jérusalem un homme juste et craignant Dieu, nommé Siméon, qui vivait dans l’attente de la consolation d’Israël…

Je contemplerai successivement les différents personnages, tous modèles de perfection, mais avec leur cachet propre, ce qui nous rappelle que Dieu aime la variété, même dans ses saints, et que son Esprit ne conduit pas toutes les âmes par les mêmes voies.

Siméon vivait dans l’attente, et de l’attente, de Celui qui est la consolation d’Israël, et le Saint-Esprit était en lui. Sa sainteté se manifeste par de grands désirs surnaturels, par une telle docilité au Saint-Esprit que ce dernier a pris possession de son cœur, enfin par cette confiance magnifique qui demeure en quelque sorte victorieuse de Dieu et lui arrache les plus extraordinaires faveurs.

Le degré inférieur, mais indispensable, dans la montée vers la perfection, c’est de la désirer ardemment, de ne pas la regarder comme un rêve chimérique, de ne pas déclarer a priori que la grâce du Saint-Esprit est incapable de nous conduire à la sainteté, ce qui serait vraiment lui faire bien peu d’honneur.

Dieu tient grand compte de ces désirs, car ils conduisent vers lui et se tournent tout naturellement en prière continuelle dans une âme convaincue de sa faiblesse et qui sent son impuissance.

C’est une bien haute faveur que Siméon avait demandée au Seigneur, mais une âme pure et détachée peut solliciter hardiment des grâces de choix ; une grande confiance obtient de grandes choses3. Toute la vie de Siméon n’avait été qu’un long désir :

• sans cesse, il avait demandé, 
• sans cesse, il avait cherché, 
• sans cesse, il avait heurté à la porte du Père céleste, et ce dernier, par son Esprit, avait un jour répondu, lui découvrant qu'il ne mourait point avant d'avoir contemplé le Christ du Seigneur.
Donnez-moi, ô mon Dieu, 
      de désirer ardemment, 
à l'exemple de Siméon,
      ce que vous promettez,
afin que mon cœur se fixe en vous, 
      ma seule vraie joie4 ! 

« Je sais que plus, 
      vous voulez donner et plus, 
      vous faites désirer. 
Je sens en mon cœur 
      des désirs immenses, 
et c'est avec confiance, 
[ô Esprit divin], 
que je vous demande 
de venir prendre possession 
      de mon âme ! »5.

Récompense de Siméon.

Fidélité de Dieu à ses promesses.

Je considérerai combien il est utile de savoir traiter avec l’Esprit-Saint, de le garder en soi avec la plénitude de sa grâce : cet Esprit conduit Siméon au Temple au moment précis où les parents de Jésus venaient l’y présenter6, et lui fait voir Jésus non seulement des yeux du corps, mais de ceux de la foi, favorisés d’une lumière spéciale.

Admirable récompense que celle accordée au vieillard, avant-goût de la contemplation de Dieu, laquelle est réservée d’ordinaire pour l’autre vie, mais dont le Seigneur donne parfois quelque chose dès ici-bas aux âmes très ferventes, selon la parole du Christ :

Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu 7!

Récompense libérale, magnifique : Siméon désirait voir le Messie, et voici que Marie le lui met entre les bras8, lui permet de le serrer, de le baiser, de le tenir un moment avec une tendre dévotion.

Immenses furent la consolation et la joie du pieux vieillard : ses vœux étaient comblés, la terre ne pouvait plus rien lui donner. Sa reconnaissance éclate alors dans le « Nunc dimittis », prière inspirée, divine, qui loue et met en relief, comme le Benedictus et le Magnificat, la fidélité de Dieu à ses promesses :

C’est maintenant, Seigneur, que vous délivrez votre serviteur ; selon votre parole, il s’en ira en paix, car mes yeux ont vu votre salut…

Oh ! si j'avais une foi absolue aux promesses divines enseignées par le Christ ! Dieu désire tellement me la faire acquérir ! Je n'ai qu'une foi médiocre aux promesses du Christ, parce que je les comprends mal : 
Dieu promet beaucoup plus, et beaucoup moins, que je ne m'imagine. Beaucoup plus, infiniment plus, dans l'ordre du salut et de la sainteté, où ma prière persévérante se verra infailliblement exaucée, mais... quand il plaira à Dieu, au soir de ma vie peut-être, comme pour Siméon. Beaucoup moins dans l'ordre des prospérités temporelles, où mes demandes, toujours écoutées, n'obtiennent souvent « que » des faveurs spirituelles, alors que mon cœur charnel en souhaite de terrestres !

La prophétesse Anne.

Sa mortification et sa piété.

Il y avait aussi une prophétesse nommée Anne… d’un âge fort avancé. Elle avait vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité, et était demeurée veuve jusqu’à quatre-vingt-quatre ans, ne bougeant pas du temple, et servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière.

Siméon avait été préparé à la grande faveur de sa vie ; c’est par une illumination soudaine que l’Esprit-Saint éclaira le cœur d’Anne et lui fit voir, en cet Enfant extérieurement semblable à tous les autres, le Messie nouvellement né. Il récompensait ainsi sa piété, sa dévotion envers tout ce qui concernait le culte divin, son esprit d’oraison et spécialement les longues années passées dans la chasteté et la pénitence corporelle.

Bien des personnes dans le temple, des prêtres, des docteurs, croisèrent Jésus et ses parents. Mais, il ne fut donné qu’à Anne et à Siméon, par une lumière de l’Esprit, de découvrir en lui le Messie. Les autres ne possédaient point, à un degré suffisant, l’esprit de prière et les habitudes de mortification qui facilitent la prière.

Je remarquerai aussi comment le Sauveur, en ce grand jour, n’était pas plus réellement présent dans le Temple de Jérusalem que son Corps et sa Divinité ne sont présents dans nos églises.

Et, moi, est-ce que ma foi sait suffisamment le découvrir en son tabernacle, et « lui parler comme à un homme ? 9»

Humilité, souffrance de Notre-Dame.

Nous avons considéré plus haut l’héroïque humilité de Notre-Dame.

Saint Luc nous les décrit, elle et Joseph « dans l’admiration des choses que l’on disait de l’Enfant »10.

C’est donc que l’Esprit-Saint, qui leur avait révélé le mystère de Jésus, n’avait pas mis toutes choses également en pleine lumière, mais se réservait de parfaire progressivement leur science du salut, selon les circonstances.

Je remarquerai en outre comment, dans ses paroles

prophétiques11, Siméon fait entrevoir l’immolation future de l’Enfant, et comment, par un dessein de la Providence, c’est au cœur de la Mère qu’il adresse le trait douloureux de sa prédiction :

Voici qu’il sera placé pour la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël, et pour être en butte à la contradiction, et ton âme sera transpercée d’un glaive.

Au moment où la Vierge se réjouissait de l’avenir fécond et glorieux promis à son Fils, Dieu permet que sa joie soit gâtée par la perspective d’une douleur atroce, dont la persécution suscitée contre Jésus sera évidemment la cause.

La compassion de la Mère des Douleurs répondra un jour à la Passion du Christ, et déjà, elle s’ébauche par l’effet de la navrante prédiction qui ne quittera plus son esprit. Mais, la souffrance qu’on porte pour Jésus et avec Jésus unit singulièrement à Jésus.

Et ainsi se réalise pour la grande Coopératrice de la Rédemption, en attendant qu’elle se réalise pour les apôtres et pour nous, cette loi divine que plus, on approche de Jésus, plus on a part à son œuvre de salut, et plus on doit s’attendre à la souffrance et à l’épreuve : Si le grain de blé, tombé en terre, ne commence par mourir12.

O Mère des douleurs, apprenez-moi, lorsque je souffre, à souffrir avec piété, à compatir aux souffrances de Jésus et aux vôtres, à unir mes larmes à celles que tous deux, vous avez versé avant moi. Fac me tecum pie flere — Crucifixo condolere — Donec ego vixero !

Jésus, modèle de charité.

En Jésus lui-même, enfin, nous admirerons, ainsi qu’il a été dit au commencement de ce mystère, la perfection de la charité, qui est le lien, c’est-à-dire la consommation de la perfection13 ; amour d’obéissance totale envers son Père, amour de charité brûlante envers les hommes. Plenitudo legis dilectio ! L’accomplissement parfait de la loi, c’est l’amour14. Les autres vertus sont des servantes : leur rôle est de préparer les voies à la charité.

Ô Cœur de Jésus, source infinie de charité, allumez dans mon cœur ce feu dont vous êtes venu embraser la terre !


Messe du Jour

Saint André de Corsini, évêque et confesseur


Lectures pour nourrir vos méditations…

  • “Imitation de Jésus-Christ” Livre III “De la vie intérieure”,

4. Qu’il faut marcher en présence de Dieu dans la vérité et l’humilité. (en particulier les points 1, 2 et 4)

5. Comment un homme dans l’affliction doit s’abandonner entre les mains de Dieu (particulièrement les points 3, 4 et 6)
  • “Imitation de Jésus-Christ” Livre IV “Du Sacrement de l’Eucharistie”,

14. Du désir ardent que quelques âmes saintes ont de recevoir le Corps de Jésus-Christ.

  • Foucauld, 116-117 ; 156-157.

Notes & Références

Sujet d’Oraison pour tous les jours de l’année, Tome II, De l’Avent au Carême. Notre-Dame — L’Incarnation — L’Enfance de Jésus, u. J.-B. Gossellin, S.J., 2ᵉ édition revue et augmentée, Apostolat de a prière, Toulouse, 1937, p. 220-226.

  1. Sainte Thérèse de Lisieux, Acte d’offrande à l’Amour miséricordieux
  2. Liturgie du Samedi-Saint, première oraison.
  3. Magna siquidem fides magna meretur (S. Bernard, Sermon 32 in Cant.)
  4. D’après la collecte du IVè dimanche de Pâques.
  5. Sainte Thérèse de Lisieux, Acte d’offrande à l’Amour miséricordieux
  6. Venit in Spiritu in templum (Luc II, 27-28)
  7. Matt. V, 8
  8. Luc II, 28
  9. « Avoir la foi, c’est parler à Dieu comme à un homme » Saint Curé d’Ars). Parole profonde. Bien comprise, elle suffirait à transformer notre prière.
  10. Luc II, 33 : voir aussi v. 49 et 50.
  11. Luc II, 34
  12. Jean XII, 24
  13. Col. III, 14
  14. Rom. XIII, 10.

Articles Récents

Suivez-nous !

Choix de la Rédaction

Catégories

Étiquettes