mercredi 22 janvier 2025.
 

Fleur à Marie 19/31 : Trois sujets d’affliction pour la mère de Jésus.

La vue anticipée de la passion de son fils ;

Le premier sujet d’affliction pour cette divine mère était l’esprit de prophétie dont elle était favorisée. Quand elle considérait son adorable fils, elle se le représentait d’avance comme devant être un jour couronné d’épines, déchiré de verges, transpercé de clous et tout ensanglanté.

Quand elle l’enveloppait des langes de l’enfance, quand elle le couchait dans son berceau, les habits d’ignominie dont il devait être revêtu, la croix à laquelle il devait être attaché, se présentaient aussitôt à son esprit. Quand elle assistait aux sacrifices de la loi, elle voyait son fils immolé et versant jusqu’à la dernière goutte de son sang pour le salut des hommes.

Quel spectacle pour le cœur d’une mère ! Mais, elle se soumettait à tout, parce qu’elle savait que tout cela était nécessaire pour nous racheter de l’enfer.

Ô divine Marie ! que vous nous avez aimés ! que de sacrifices, vous avez fait pour le salut de nos âmes !

Ah ! ne permettez pas que nous ayons le malheur de nous perdre, et de rendre inutile tout ce que votre fils et vous avez fait pour nous sauver.

Les peines et les travaux de sa vie évangélique ;

Le second sujet d’affliction pour Marie était de voir les pénibles travaux et les souffrances qu’endurait son fils bien-aimé, sa pauvreté extrême et son dénûment de toutes choses, les mépris, les calomnies, les mauvais traitements auxquels il était exposé de la part de ses ennemis. Elle en ressentait une douleur mortelle ; mais sachant que c’était un ordre du ciel, que son fils s’y soumettait avec une résignation parfaite, elle s’y soumettait elle-même, et souffrait tout avec une admirable patience.

Imitons la générosité de notre Sainte Mère et apprenons à souffrir, avec une semblable résignation, toutes les épreuves qu’il plaira à Dieu de nous envoyer.

L’inutilité de ses souffrances pour un grand nombre de pécheurs.

La grande douleur de Marie venait de l’obstination des Juifs à ne pas croire au Messie à rejeter les lumières qu’il leur présentait, à mépriser ses grâces. Elle gémissait de voir tant d’ingratitude, tant de méchanceté, tant de crimes qui se commettaient tous les jours contre son fils.

Son cœur était déchiré en pensant que tant de travaux et de souffrances seraient inutiles pour un grand nombre de pécheurs. Elle prévoyait avec une douleur amère le malheur où toute la nation juive allait se jeter par son obstination. Elle savait que son fils, pour punir ce peuple endurci, le rejetterait entièrement, lui ôterait sa religion et son culte ; que les Juifs seraient maudits de Dieu, et que des nations plus dociles et plus fidèles prendraient leur place et deviendraient le peuple chéri.

Hélas ! nous renouvelons, en quelques manières, le sujet de sa douleur, nous perçons le cœur de notre divine mère, quand nous laissons perdre les grâces qui ont couté si cher à son fils :

craignons d’attirer sur nous, par notre ingratitude et nos infidélités, les mêmes châtiments que les Juifs, et prions instamment la Très Sainte Vierge de nous préserver d’un si grand malheur.

Prière

Ô la plus pure et la plus sainte des créatures ! que pensez-vous quand vous voyez en votre présence un ingrat, longtemps armé contre son créateur et son Sauveur ?

Oui, ma Divine Mère, voici à vos pieds un grand pécheur, qui a donné par ses crimes la mort à votre fils. Comment pouvez-vous me supporter devant vous ?

Ah ! je tremble à la vue de mes nombreuses iniquités, et j’avoue que je ne mérite point de pardon ; mais je sais que vous êtes la ressource et l’espérance des plus grands pécheurs, et que vous aimez à faire éclater sur eux votre miséricorde.

Je viens donc, ô Marie, ô Mère de mon Souverain juge ! vous recommandez le salut de mon âme.

Après tant de péchés que j’ai commis, il me faudra paraître au tribunal redoutable de ce grand Dieu.

Qui pourra apaiser sa justice irritée contre moi, si ce n’est vous ?

Si vous m’abandonnez, je suis perdu à jamais ; mais si vous daignez vous intéresser pour moi, ah ! je le sais, mon salut est en assurance.

Parlez donc, ô Mère de Jésus, parlez en ma faveur, parce que votre fils vous écoute et qu’il ne refuse rien à vos prières.

Exemple

Espérance rendue.

Ce fut devant l’image de la Sainte Vierge et par sa puissante intercession que saint François de Sales obtint la délivrance d’une peine intérieure, la plus grande qu’on puisse éprouver ici-bas.

Comme il achevait ses études dans le collège des Jésuites à Paris, il fut tourmenté par cette désespérante pensée qu’il était réprouvé et qu’il serait à jamais banni de la vue de Dieu. Des ténèbres épaisses se répandirent dans son âme ; le trouble s’empara de son cœur, une agitation violente succéda tout d’un coup à la paix profonde dont il avait joui jusqu’alors. Il ne trouvait plus aucun goût aux choses de Dieu, et paraissait insensible à tout ce qu’il pouvait lire ou entendre de plus touchant. L’ennemi du salut ne cessait de lui suggérer que tout ce qu’il faisait pour Dieu était inutile, et que sa perte éternelle était résolue irrévocablement. Le jeune François fut saisi de toute la frayeur que la persuasion de la damnation est capable de produire dans une âme qui craint Dieu, et qui s’est toujours flattée de l’espérance de le posséder un jour.

Comme il avait pour lui un amour plein de tendresse, il mourait de douleur toutes les fois qu’il pensait être destiné à le haïr et à le blasphémer pendant toute l’éternité. La crainte de l’enfer, l’agitation de son esprit et le trouble continuel de son cœur le jetèrent enfin dans une mélancolie profonde, dont rien n’était capable de le tirer ; il passait les jours dans les gémissements, et les nuits, il arrosait son lit de ses larmes. Son corps, quoique robuste, succomba à la fin à une si rude épreuve ; une jaunisse universelle s’en empara ; il perdit tout d’un coup le boire, le manger, le sommeil : on voyait sur son visage des marques sensibles d’une tristesse dont il y avait tou à craindre ; et les douleurs cuisantes qu’il ressentait dans tous ses membres faisaient presque désespérer de sa vie.

Qui n’a pas éprouvé ce que peut, sur un cœur qui aime Dieu, l’effroyable pensée d’en être séparé pour toujours, soupçonnera sans doute ce récit d’exagération ; cependant il n’est rien de plus vrai ; et de tant d’auteurs qui ont écrit la vie de saint François de Sales, il n’y en a pas un qui ne raconte les effets terribles de cette furieuse tentation de la manière dont nous la rapportons ici. Son précepteur ne savait que penser de l’état pitoyable ou il le voyait réduit ; il en cherchait en vain la cause, et la lui demanda inutilement. La honte que François en avait lui-même l’avait empêché d’en parler à personne, parce que rien ne lui paraissait plus terrible que d’avouer qu’il était un réprouvé.

Aussi demeura-t-il plus d’un mois livré aux plus cruelles angoisses. Mais, Dieu, qui n’avait permis cette tentation que pour le prouver, lui inspirer la défiance de ses propres forces, et le fortifier dans l’humilité, l’en délivra lui-même, sans le ministère des hommes. Il lui inspira d’aller à l’église de Saint-Etienne-des-Grès, où il avait fait vœu de chasteté. Le premier objet qui le frappa fut un tableau de la Sainte-Vierge.

Cette vue réveilla la confiance qu’il avait toujours eue en sa puissante intercession ; il se prosterna contre terre, et se reconnaissant indigne de s’adresser directement au père de miséricorde, il la pria de lui obtenir de la bonté de Dieu, que s’il était assez malheureux pour être condamné à le haïr éternellement après sa mort, il pût au moins l’aimer de tout son cœur pendant sa vie ; après quoi il récita le Memorare, en répandant un torrent de larmes. Une prière si éloignée des sentimens d’un réprouvé fut exaucée au même instant. François avoua qu’aussitôt qu’il l’eut achevée, il lui sembla qu’on lui ôtait de dessus le cœur un poids qui l’accablait. Il sentit la douce confiance descendre dans son âme, et s’y établir si fortement, que la paix intérieure qui venait de lui être rendue ne fut plus troublée dans la suite, et qu’il jouit toujours depuis de l’heureuse tranquillité que la Sainte Vierge lui avait obtenue1.

Pratique.

Prosternez-vous aux pieds de l’image de Marie, et récitez avec une grande confiance le Memorare.

Oraison Jaculatoire.

Auxilium christianorum, consolatria aflictoram, ora pronobis.
Ô vous qui êtes le secours des chrétiens et la consolation des affligés ! priez pour nous.


Articles connexes


Messe du Jour

Saint Pierre Célestin, pape et confesseur.

Mémoire de sainte Pudentienne, vierge.


Notes & Références

Nouveau MOIS DE MARIE, ou Le mois de mai consacré à la gloire de la Mère de Dieu, par un prêtre du diocèse de BELLEY, Paris, 1845, G. Martin, Libraire-Editeur.

  1. Vie de saint François de Sales.

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