Explication liturgique de cette solennité.
Le mot Pentecôte est un mot grec qui signifie cinquantième. Comme c’était cinquante jours après la sortie d’Égypte que le Seigneur avait donné sa Loi aux Israélites, sur le mont Sinaï, la fête instituée par Dieu même pour perpétuer le souvenir de ce grand événement fut appelée la Pentecôte, c’est-à-dire le Cinquantième Jour.
Ce fut aussi cinquante jours après la Fête de Pâques, le jour même où les Juifs célébraient la fête de la Pentecôte que l’Esprit-Saint descendit sur les Apôtres, et la Fête qu’institua l’Église en souvenir de cette grande journée fut aussi pour cela appelée Pentecôte.
La Pentecôte des Juifs céda la place à la Pentecôte des Chrétiens, dont elle avait été la figure, puisque toute la Loi ancienne, promulguée sur le Sinaï, était l’ombre et la figure de la Loi nouvelle.
Cette Fête est presque l’égale de celle de Pâques : c’est la fête de la naissance de l’Église et de la prédication de l’Évangile.
Pour honorer l’heure où s’accomplit le prodige, l’Office de tierce est célébrée en ce jour avec une solennité inaccoutumée. — Avant la Grand’Messe, on chante le Veni Creator, cette prière si belle et si touchante, où nous demandons à l’Esprit-Saint de descendre dans nos cœurs, comme Il descendit sur les Apôtres et les encensements qui accompagnent le chant de cette hymne sont le symbole des prières qui doivent monter vers Dieu pour Le remercier d’un si grand bienfait.
La Prose de la Messe Veni, Sancte Spiritus est une supplication pleine de noblesse et de sentiment. Autrefois, pendant le chant de cette Prose, on sonnait de la trompette, pour imiter ce bruit véhément qui se fit entendre le jour de la Pentecôte, et une pluie de roses rouges, figure des langues de feu, tombait des voûtes, usage qui s’est maintenu en certains pays jusqu’à ces derniers temps, et qui avait fait donner au jour de la Pentecôte le nom de Pâques des roses, Pascha rosala.
Lecture
Après avoir reçu la dernière bénédiction du Divin Maître sur le mont des Oliviers, les Apôtres profondément affligés de ne Le plus voir au milieu d’eux, mais dociles à ses ordres, en se confiant à la promesse qu’Il leur avait faite de ne point les laisser orphelins sur la terre, se retirèrent au Cénacle, et là, recueillis dans le silence et la prière, avec Marie, Mère de Jésus, ils se préparèrent à recevoir l’Esprit Consolateur, Vers les neuf heures du dixième jour, on entendit un grand bruit, comme d’un vent impétueux qui, venant du ciel, remplit toute la maison où ils étaient réunis, et sembla convoquer tout Jérusalem au beau spectacle que Dieu allait lui donner. Tout-à-coup un feu céleste apparait, beau, pur, et sans éclat effrayant ; il se divise ensuite, et tandis que ses flammes innocentes vont se reposer sur la tête des Apôtres en forme de langues, le Saint-Esprit pénètre leur cœur, et y imprime fortement, quoique avec une douceur divine ; la loi pacifique de la nouvelle alliance, et la parole céleste qui en doit bientôt sortir pour éclairer et convertir l’univers.
Aussitôt la prédication de l’Évangile commence, la nouvelle parole se multiplie d’une manière admirable.
Sur le Sinaï, Dieu n’avait parlé qu’une seule langue et à un seul peuple ; mais ici tout est changé, tous les peuples sont maintenant appelés à l’héritage céleste, et la prédication évangélique retentit dans toutes les langues, quoique en un seul discours, aux oreilles du Juif, du Parthe, du Mède, du Grec, du Romain et de toutes les nations qui habitent sous le ciel. Trois mille Juifs se convertissent ce même jour : en vain la synagogue met tout en œuvre pour arrêter le zèle des Apôtres ; rien ne les effraie, ni les prisons, ni les tourments ; ils ont reçu l’Esprit-Saint, et un de ses dons, c’est le courage ; ils se réjouissent au contraire d’avoir à souffrir pour le nom de leur Maitre.
Ces hommes, naguère si grossiers et si timides, ne se proposent rien moins que de conquérir l’univers ;
— et, dans peu, le monde entier aura retenti de leurs prédications et s’étonnera d’être devenu chrétien.
Mais, ces dons que les Apôtres reçurent d'en-haut au moment où la langue de feu s'arrêta sur leur tête, et qui les transformèrent d'une manière si merveilleuse, ces dons n'étaient pas pour eux seuls ; ils devaient les transmettre par l'imposition des mains, et ils sont restés dans les trésors de l’épiscopat, pour être répandus, par les Évêques, sur tout le peuple chrétien.
Nous avons reçu dans le sacrement auguste de la Confirmation ce même Esprit-Saint avec l’abondance de tous ses dons célestes ;
— prenons donc en ce jour la résolution d’imiter la fidélité des Apôtres, leur courage et leur zèle, et comme eux devenons enfin de vrais disciples de Jésus-Christ.
Comme eux, confessons hautement son saint nom ; comme eux, ne rougissons jamais de son saint Évangile ; rendons-Lui, comme eux, devant le monde, le plus généreux témoignage ; et ne permettons jamais à l'impiété de nous rendre muets et timides en sa présence ; comme eux aussi, bénissons ceux qui nous maudissent, prions pour ceux qui nous persécutent, et opposons les bienfaits aux outrages.
Et, si nous ne sommes pas appelés à être les apôtres de l’Évangile par le ministère de la prédication ; tâchons, par le charme de notre piété et à force d’aimables vertus, de gagner tous les cœurs pour les soumettre à Jésus-Christ. Voilà le touchant apostolat qui convient à tous chrétiens, et le délicieux ministère que la grâce de l’Esprit-Saint nous invite à remplir au sein de nos familles.
Nous redoublerons donc de zèle et de charité pour nos frères ; nous prierons pour que le règne de Jésus-Christ arrive et s'établisse sur tant d’intelligences qui L'ignorent, sur tant de cœurs qui L'outragent. Jésus ne veut pas les conquérir tout seul ; Il veut que nous soyons ses auxiliaires, n’oublions pas que celui qui contribue à étendre sa domination, en sauvant l’âme d’un pécheur, couvre la multitude de ses péchés, et attire sur lui les bénédictions les plus douces et les plus fécondes.
Pour aller plus loin…
Messe du Jour
Notes & Références
Semaine Religieuse de Bayeux, 1865.