samedi 20 avril 2024.
 

Fleur à Marie 9/31 : Vertus que Marie pratique dans le mystère de l’Incarnation.

Avant l’accomplissement de ce mystère ;

La bienheureuse Vierge, consacrée à Dieu depuis sa tendre enfance, vivait dans la pratique de toutes les vertus.

Dieu se plaisait à voir cette aimable Vierge s’élever à la plus haute perfection, et il la comblait à chaque instant de nouvelles grâces pour la disposer à devenir la Mère de son fils.

Quand Marie connut que le temps de la venue du Messie était proche, qui pourrait dire quels furent les transports de son âme, avec quelle ardeur elle désirait cet heureux avènement, pour voir son Dieu glorifié et les hommes délivrés de la tyrannie du démon et du péché où ils gémissaient depuis si longtemps ! Elle soupirait sans cesse après ce moment fortuné ; elle demandait à Dieu avec larmes d’envoyer sur la terre le Rédempteur promis ; c’était l’objet de tous ses vœux et de ses ferventes prières.

Nous avons souvent le bonheur de recevoir dans notre cœur, par la sainte communion, le même Dieu que Marie conçut dans son chaste sein ; mais nous préparons nous comme elle à sa venue, par la pratique des vertus et la sainteté de notre vie ? Dans nos oraisons et nos exercices de piété, éprouvons-nous ces beaux sentimens, ces fervents désirs dont la Sainte-Vierge était animée ? Hélas ! que de négligences, que de tiédeur, que de distractions dans toutes nos prières, et même dans nos communions !

Au moment où l’ange lui annonce ce mystère ;

Admirons les vertus que Marie pratique au moment où le messager céleste vient la saluer de la part de Dieu.

Elle fait paraître tout ensemble sa grande modestie, en se troublant à la vue d’un ange sous une figure humaine : sa foi vive, en croyant sans hésiter le grand mystère qu’il lui annonce ; son amour pour la virginité, en préférant cette belle vertu à l’auguste qualité de mère de Dieu ; sa profonde humilité, en ne prenant d’autre titre que celui de servante du Seigneur ; sa parfaite obéissance, en se soumettant aux ordres de Dieu :

Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole.

Apprenons cette vertu de notre sainte mère, et n’oublions pas que c’est surtout en nous efforçant de l’imiter que nous aurons le bonheur de lui plaire et de nous attirer son secours.

Après l’accomplissement de ce mystère.

Représentons-nous quels furent les sentiments de la Très Sainte Vierge après l’accomplissement de cet ineffable mystère, et lorsque la vertu miraculeuse du Saint-Esprit eut formé dans son sein virginal le corps du Messie. Elle s’humilia devant lui, elle l’adora avec un profond respect, elle l’aima comme son Dieu et comme son fils, elle s’offrit à lui pour le servir, et pour entrer dans tous les desseins qui le portaient à se faire homme.

Que nous serions heureux si avant, pendant et après la sainte communion, nous savions pratiquer les vertus que la Sainte-Vierge nous enseigne ! Il ne faudrait pas d’autre méthode pour bien communier ; et si nous avions le bonheur de bien faire toutes nos communions, il n’en faudrait pas davantage pour nous rendre saints.

Prière.

Très-douce Mère de Jésus, divine Marie, quels furent vos sentiments lorsque vous reçûtes dans vos chastes flancs le Verbe Incarné !

Avec quels transports d’amour, vous accueillîtes le Dieu de sainteté, devenu votre fils ! Oh ! comme ce bien-aimé fils se plaisait à habiter dans votre belle âme, il faisait ses délices de reposer sur votre cœur maternel, parce que votre cœur est si pur, si humble, si doux, si fervent, si charitable !…

Ma Très-Sainte Mère, j’ai aussi le bonheur de recevoir souvent votre aimable Jésus : mais hélas ! quelle différence entre vos dispositions et les miennes !

Comment ce Dieu si saint n’a-t-il pas horreur d’entrer dans un cœur si méchant, si ingrat, si corrompu ; dans un cœur (ah ! je ne puis y penser sans frémir), dans un cœur qui a été mille fois la demeure du démon !

Vierge Sainte, pour l’amour de votre adorable fils, aidez-moi à me mieux préparer à la sainte communion ; mettez dans mon mauvais cœur quelque chose de cette charité, de cette pureté, de cette douce humilité, de cette ferveur dont le vôtre est animé, et vous aurez disposé pour Jésus la demeure qu’il désire.

Exemple.

La réprimande utile.

Le vénérable Thomas à Kempis, que l’on croit être l’auteur de l’admirable livre de l’imitation de Jésus-Christ, fut dès son enfance singulièrement dévot à la Sainte-Vierge.

Il s’était imposé un tribut de prières qu’il lui payait exactement tous les jours ; mais dans le temps qu’il faisait ses études, il eut le malheur de laisser sa dévotion se refroidir. Il négligea peu à peu ses exercices accoutumés, il les omit un jour, deux jours, trois jours, enfin une semaine entière ; et, par un relâchement déplorable, mais qui n’est que trop ordinaire ; il finit par les abandonner tous.

Il en était là, lorsqu’il eut un songe qu’on ne peut guère s’empêcher de regarder comme mystérieux. Il croyait être avec ses condisciples dans la salle où l’on donnait les leçons ; il lui sembla voir la reine des cieux descendre sur des nuages, avec un visage rayonnant et des habits d’une blancheur éblouissante ; il la voyait faire le tour du cloitre, s’arrêter auprès de chacun des religieux chargés de l’instruction de cette jeunesse, leur parler avec bonté et leur donner les plus douces marques de sa tendresse, comme pour les remercier de ce que par leurs leçons ils travaillaient au salut des jeunes âmes rachetées par le sang précieux de son fils.

Thomas, de son côté, en voyant les tendresses maternelles que Marie prodiguait aux bons religieux, trépignait d’impatience à sa place, attendant que la Sainte-Vierge pensât à lui ; et jetant sur elle des regards où se peignaient les désirs de son cœur, il se disait à lui-même :

Attendons un instant ; j’espère que notre sainte mère, après avoir témoigné son amour à tous les autres, me fera la même faveur à mon tour ; il est vrai que je n’en suis pas digne, mais enfin, je l’ai aimée de mon mieux.

Il l’espérait, dit l’auteur contemporain qui raconte ce fait ; mais hélas ! les hommes sont souvent abusés par leurs espérances. Thomas, attendant une marque de tendresse de la mère des miséricordes en reçut une vive réprimande ; car lorsqu’elle arriva à sa place, il lui sembla qu’elle le regardait d’un œil sévère, en lui adressant ces paroles :

« C’est en vain que vous attendez de moi un témoignage de tendresse, vous qui, par une détestable négligence et par la suggestion d’un conseiller perfide, avez cessé de me payer cet ancien tribut de prières ferventes. En effet, où sont vos pieux exercices ? Que sont devenues ces oraisons si enflammées ? Qu’avez-vous fait de ces rosaires, de ces offices récités avec tant d’ardeur et mêlés autrefois de tant de soupirs ? Votre amour n’est-il pas bien refroidi, votre dévotion bien ralentie, votre ancienne piété bien chancelante ? Et, maintenant, comme si vous n’aviez rien à vous reprocher, vous attendez présomptueusement que je vous témoigne mon amour, moi qui devrais plutôt vous montrer mon ressentiment ! »

C’est ainsi qu’il lui sembla entendre parler Marie, semblable à une mère qui gronde son enfant pour son bien ; et là-dessus, il la vit détourner son visage avec un air de mécontentement, en disant ces mots :

« Allez, allez loin de moi, vous n’êtes pas digne de ma tendresse, puisque vous négligez d’offrir des sacrifices et des exercices si faciles à celle que vous aimiez autrefois. »

À ces mots, elle disparut, le laissant déchiré par les remords. Thomas s’étant éveillé, sonda sa conscience, reconnut humblement sa faute, promit de se corriger, et pour ne plus mériter la froideur de cette reine des anges, il reprit ses exercices, recommença ses pieuses pratiques avec tant de ferveur et de constance, que jusqu’à la fin de sa vie, il n’osa jamais les omettre un seul jour.

Ô heureuse réprimande ! elle remit dans le bon chemin une âme qui commençait à s’en écarter, et l’arrêta peut-être sur le bord du précipice1.

Pratique.

Humiliez-vous profondément devant la Mère de Dieu, et demandez-lui pardon de vos négligences à son service.

Oraison Jaculatoire.

O clemens, ô pia, ô dulcis Virgo Maria !
Ô Marie, ô Vierge pleine de clémence, de piété et de douceur !


Articles connexes


Messe du Jour

Saint Grégoire de Naziance, évêque, confesseur et docteur.


Notes & Références

Nouveau MOIS DE MARIE, ou Le mois de mai consacré à la gloire de la Mère de Dieu, par un prêtre du diocèse de BELLEY, Paris, 1845, G. Martin, Libraire-Editeur.

  1. Vita Thomæ à Kempis.

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